Ce titre de critique fait référence aux titres multiples de ce film qui s'est appelé aussi la Clinique des ténèbres ou la Clinique sanglante ou encore les Insatiables poupées érotiques du Dr Hichcock selon les pays où il fut distribué. Le titre italien la Bestia uccide a sangue freddo (la Bête tue de sang-froid) a été distribué en anglais sous le titre Cold-blooded beast. Je trouve que la Clinique sanglante est plus approprié que le ridicule titre français dont on a affublé le film pendant un temps, où il n'est question d'aucun docteur Hichcock mais d'un docteur Osterman, et où les poupées érotiques sont un terme assez exagéré.
En réalité, il s'agit d'un giallo classique, genre très présent dans le cinéma bis italien au cours des années 60 et 70, mais il est carrément assaisonné à la sauce érotique assez poussée, avec des scènes saphiques et surtout de nombreuses nudités où la caméra s'approche très près de l'intimité féminine. Certaines versions ajouteront des scènes de masturbation féminine qui restent cependant assez soft mais bien présentes. Ces scènes ont été probablement tournées avec des doublures. A noter que le film fut projeté en France sans aucune scène censurée, contrairement en Italie et aux Etats-Unis où il a fait l'objet de coupes.
Le décor est unique, il s'agit d'une clinique à l'allure de château, qui soigne des femmes perturbées psychologiquement, mais un château étrange qui n'hésite pas à exposer à la portée de tout le monde une collection d'armes blanches et même une vierge de fer avec la plus totale invraisemblance. Un tueur se glisse la nuit parmi les couloirs, se sert ouvertement parmi la collection d'armes (épée, hache, fléau d'armes, dague, arbalète) et tue de façon sanglante pensionnaires et personnel sans vergogne. On a là des éléments rituels du giallo, sauf que l'invraisemblance totale du scénario fait sourire.
Ce qui m'ennuie un peu dans tout ce fatras érotico-fantastico-policier, c'est l'étirement des scènes à outrance, des scènes carrément inutiles qui deviennent souvent grotesques, ça m'a frappé lors de ce revisionnage. D'autre part, la musique est trop omniprésente et avec des trémolos et notes souvent pénibles. J'avais vu ce film en VHS il y a bien longtemps et à l'époque, j'avais trouvé ça rigolo, mais là en étant plus mature et en analysant de plus près le film, je suis en droit de faire un peu le difficile.
D'autre part, Klaus Kinski sur qui le casting s'appuie, a l'air de sérieusement se faire chier, son personnage n'est guère développé, juste assez pour qu'on croit que c'est lui le tueur, mais en fait ce n'est pas lui ; il était encore dans sa période de bis italien, il tournera Aguirre la colère de Dieu en 1972 avec Werner Herzog, mais il devra attendre 1977 pour se sortir vraiment des films bis le plus souvent foireux qu'il tournait. Parmi les actrices connues, on relève Margaret Lee et Rosalba Neri, habituées toutes deux du cinéma bis, tandis que Fernando di Leo, d'abord connu comme scénariste de nombreux westerns spaghetti (notamment les 2 premiers de la trilogie des Dollars de Leone), tente quelques plans un peu tarabiscotés pour donner un style, mais sa mise en scène est plutôt molle et sans attraits.
Voila donc un film qui est l'exemple d'une certaine médiocrité dans le bis italien, il a été sans doute bâclé car tourné en 12 jours, avec une violence graphique maladroite et un érotisme trop présent, le plus souvent gratuit et sans souci de justification, c'est très dommage car le sujet au départ intéressant, s'il avait été traité par des gens comme Mario Bava ou Riccardo Freda, aurait pu avoir une sacrée gueule et aussi une plus belle esthétique.