Jim Douglas réussira-t-il sa rentrée ?, s'interroge-t-on en début de film.
C'est une bonne question.


Conscient d'avoir tout dit dans le premier film et bien explorer l'à côté dans le second, la saga offre un troisième film en quête d'une synthèse. En dire plus long que le premier film tout en créant un nouveau contexte d'aventure. On mêle donc ainsi course, casse, policier et comédie romantique dans un tissu savant mais un rien grossier de La Panthère Rose, Comment voler un milliard de dollars et du Corniaud et célébrissime Youkounkoun.
Voilà donc Jim Douglas et un nouvel acolyte - exit Séraphin, qui était devenu garagiste - à Paris, au départ de la course Paris-Monte-Carlo.


Qui dit Paris dit Français:
Le casting fourmille de têtes françaises, parmi lesquelles Gérard Jugnot qui participe à l'une des scènes les plus réussies du film. Un passage qui à lui seul fait de ce nouvel opus un court-métrage suite excellente des deux premiers films, où notre moustachu favori campe un serveur de café témoin de la rencontre amoureuse de deux voitures et qui pense virer fou. L'autre grand gagnant, c'est Jacques Marin, à la voix unique, qui joue de son sempiternel jeu de flic moustachu et franchouillard, secondaire et manichéen


pour se révéler être le grand et inattendu méchant du film.


La grande perdante, c'est Josiane Balasko en simple spectatrice parisienne qui interpelle le porteur de l'Étoile de la joie, le Youkounkoun sauce Coccinelle. Jeune, elle est à peine reconnaissable.
On passera sur les autres, moins connus du grand public, mais force est de saluer le jeu très théâtral mais plaisant de Xavier Saint-Macary.


Dans ce joyeux attroupement de vedettes et futures vedettes françaises, Dean Jones de retour dans son rôle de Jim Douglas, toujours impeccablement doublé en version française par Dominique Paturel et accompagné du grimaçant Don Knotts, qui ne parvient pas à faire oublier Buddy Hackett mais qui est sauvé en version française par le génial Francis Lax. À leurs côtés, Julie Sommars, peu connue en comparaison avec les deux rôles féminins précédents et qui gagne malheureusement peu à l'être.
La troupe nouvelle et moins nouvelle se lance dans une nouvelle aventure qui jongle entre deux aventures très parisiennes: une intrigue policière de film de casse, un film de course et une comédie romantique. Car ...


Qui dit Paris dit Vol de bijoux !
Stéréotype qui colle aussi avec le musée de Topkapi, celui du musée français que l'on cambriole ou bien du diamant célèbre que l'on dérobe. Ici point de Clouseau ou de Belfégor mais une intrigue policière assez réussie, point fort du film, mais délaissée parfois à l'autre pan du film. En résulte un traitement parfois approximatif du duo comique de gentlemen cambrioleurs Bernard Fox-Roy Kinnear pourtant très prometteur, que même Philippe Dumat, qui double l'un des comparses, peine à sauver tout à fait. La faute sans doute à un humour parfois trop simpliste voire troupier qui ne fonctionne tout à fait qu'avec le spectateur qui joue le jeu et retrouve, le temps du visionnage son âme d'enfant. On peut aussi suspecter Bernard Fox de vouloir pasticher le Thorndyke de David Tomlinson, soupçon sans fondement ou du moins plus sensée pour ce qui est d'un autre personnage ...


Qui dit Paris-Monte-Carlo dit course automobile !
Ce qui tombe bien car, qui dit Coccinelle le devrait dire aussi.
Las, La Coccinelle à Monte-Carlo prend ce segment comme prétexte et le laisse bien trop en toile de fond pour renouer avec que lorsqu'il est trop tard, faisant peser l'enjeu sur la figue du concurrent allemand Bruno Von Stickle, tranquillement campé par Éric Braeden, qui se contente de ressembler à ces caïds de bacs à sable et de cours de récréation puérils. Un antagoniste bien risible donc et trop peu léché pour être pris encompte par le spectateur. Quand le film reprend le cours de la course, jouant de Choupette roulant sur le plafond d'un tunnel, le spectateur se désintéresse déjà des résultats de la course. Une course qui y aurait gagné à soigner ses participants pour les peindre haut en couleur à l'instar des Fous du Volant ou de La Grande Course autour du monde. Étonnant d'ailleurs de voir Eric Braeden, future vedette des Feux de l'amour, jouer les rivaux en vitesse et non en amour. Car ...


Qui dit Paris dit Amour !
C'est du moins le stéréotype à l'international que la Ville lumière partage avec l'archipel de Venise.
Et c'est aussi là que le film trouve ses plus grandes qualités et ses plus grands défauts.
Il est admirable de voir combien, dans l'esprit du premier opus, les créateurs de cette suite ce sont ingéniés à rendre concret le sentiment amoureux de Choupette, qui fait le beau pour une belle voiture italienne ...
Le beau ? Oui ! Car Choupette, le temps d'un film, est tout à coup sexuée, masculinisée et change de nom. Désormais, c'est Roméo ! Devinez le nom de sa conquête qui rime avec le mot qui la désigne ? Un soucis de continuité qui met à mal le retour appréciable de Jim Douglas que ce changement d'identité et cette sexualité mise en avant semble peu déranger.
Le bougre a, à sa décharge, déjà fort à faire avec la belle Diane française qui claironne à tout va qu'elle est une femme et que cela ne l'empêche pas d'être pilote. Une position de victime auto-proclamée du patriarcat qui se plaint en lançant des vases façon Cléopâtre au nez d'un Jim Douglas pourtant partisan de l'égalité des sexes en matière de course automobile et qui, à la première occasion, manquera son virage pour devenir une demoiselle en détresse. On en sait vraiment ce qu'a voulu dire le film: message féministe ou parodie de ce message ?
Il ressort néanmoins de ce fatras que les machines, les automobiles sont plus aptes à l'amour que ne le sont les humains. En effet, tandis que Diane perçoit Jim en prédateur sexuel macho, Juliette accepte avec plaisir les fleurs de Roméo. Tandis que Diane et Douglas rivalisent à la course - pas assez d'ailleurs, enlevant du sel à l'intrigue - Juliette et Roméo recherchent l'admiration réciproque et font un bout de route ensemble pour se compter fleurette, l'un jouant de ses essuie-glaces, l'autre de ses phares, devant un Gérard Jugnot tétanisé. Tandis que Diane et Douglas se font la guerre ou commence seulement à s'apprécier, leurs voitures visitent Paris en bateaux mouches côte à côte ou contemplent les feux d'artifice sur un promontoire monégasque. Pire encore, leur unique brouille sera le fait des humains qui brise leur idylle par le mensonge pour gagner une course qui leur apparaîtra finalement secondaire ... ou pas d'ailleurs ...


Qui dit Paris ne dit pas Monte Carlo !
En effet, le titre est assez mal choisi, préférant la situation finale à l'emplacement global du métrage. Il reflète assez bien l'ensemble de bonnes trouvailles du film avec lesquelles il cherche à jongler maladroitement quitte à choir dans la superficialité.
Tout au moins aura-t-on passer un bon moment à voir Choupette-Roméo draguer et même yodler en montagne !


Jim Douglas a-t-il réussi sa rentrée ?
Il ne l'a pas ratée mais on ne saurait dire plus.

Frenhofer
7
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le 24 nov. 2019

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