Non content d'être un des plus grands chanteurs à texte de toute la France, Gilbert Montagné se construit l'air de rien une belle carrière de cinéaste à Hollywood, sous le pseudonyme de Jonathan Liebesman, prête-nom qu'il a déjà utilisé pour signer des oeuvres mémorables telles que "Massacre à la tronçonneuse: Le commencement" ou encore "Battle Los Angeles".

Armé d'un sens aigu de la mise en scène et d'une acuité phénoménale en ce qui concerne les rapports humains, Gilbert / Jonathan façonne à chacune de ses tentatives une nouvelle forme de cinéma, invente une nouvelle grammaire, entrant par miracle dans la tête d'un spectateur voyant désormais le film par le biais du regard acéré de l'artiste.

Dans la tête de Gilbert / Jonathan, "La colère des titans", suite d'un remake dont le seul intérêt résidait dans la présence solaire de Gemma Arterton, est un modèle de blockbuster intelligent, un ride endiablé au coeur des mythes et légendes, un spectacle pyrotechnique à nul autre pareil d'une fine écriture, tourné dans des décors encore jamais vus par l'homme et bénéficiant d'un casting hors pair. Ca, c'est la vision de Gilbert / Jonathan.

Pour le spectateur, "La colère des titans" est une effroyable arnaque, le degré zéro de ce que Hollywood peu produire, un blockbuster pété de thune ressemblant pourtant à un sous-produit tourné en Roumanie pour le marché de la vidéo, un incroyable foutage de gueule incapable de la moindre ampleur et filmé comme un film de vacances par un infâme tâcheron nous mijotant en ce moment même une relecture des Tortues Ninjas qui s'annonce bien fumante.

Promis par une superbe campagne publicitaire, les titans du titre brillent par leur absence (sûrement kidnappés avec le scénariste), à moins bien sûr que l'ersatz de Minotaure et le Vésuve sur patte n'en fassent parti, auquel cas je préfère encore conserver l'oiseau mécanique puéril du film original, comme je préfère garder en mémoire le jeu fade de Harry Hamlin plutôt qu'assister à l'agonie d'un casting sympathique mais complètement endormi, tout comme le sont d'ailleurs les trente figurants paumés à l'arrière-plan.

Ah, je viens d'apprendre à l'instant que Jonathan Liebesman n'est en aucun cas l'alter ego de Gilbert Montagné mais bien un yes man travaillant à Hollywood. Mea culpa Gilbert, je me disais bien aussi que tu n'était pas aveugle à ce point-là.
Gand-Alf
1
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Oh la maiiiiin !, 365 days of magic... or not., 2012. et Le pire de 2012.

Créée

le 27 mai 2014

Modifiée

le 26 mai 2014

Critique lue 1.3K fois

43 j'aime

3 commentaires

Gand-Alf

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

43
3

D'autres avis sur La Colère des Titans

La Colère des Titans
DjeeVanCleef
3

La Haine.

J'ai une lubie, un vice "amusant" permettant à mon esprit malade de ne pas trop salir les gens qui m'entourent : entretenir avec soin un petit feu de haine, joli fagot de bois (vert) crépitant,...

le 4 mai 2013

50 j'aime

14

La Colère des Titans
Gand-Alf
1

Redoutez la colère... des spectateurs.

Non content d'être un des plus grands chanteurs à texte de toute la France, Gilbert Montagné se construit l'air de rien une belle carrière de cinéaste à Hollywood, sous le pseudonyme de Jonathan...

le 27 mai 2014

43 j'aime

3

La Colère des Titans
LongJaneSilver
1

La colère des profs de latin

Il y a ce moment difficile, dans la vie d'un prof de latin, où il faut détricoter les "adaptations" modernes de la mythologie, expliquer que non, Pégase n'est pas l'allié d'Hercule comme le conte...

le 4 déc. 2013

24 j'aime

Du même critique

Gravity
Gand-Alf
9

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

le 27 oct. 2013

269 j'aime

36

Interstellar
Gand-Alf
9

Demande à la poussière.

Les comparaisons systématiques avec "2001" dès qu'un film se déroule dans l'espace ayant tendance à me pomper l'ozone, je ne citerais à aucun moment l'oeuvre intouchable de Stanley Kubrick, la...

le 16 nov. 2014

250 j'aime

14

Mad Max - Fury Road
Gand-Alf
10

De bruit et de fureur.

Il y a maintenant trente six ans, George Miller apportait un sacré vent de fraîcheur au sein de la série B avec une production aussi modeste que fracassante. Peu après, adoubé par Hollywood, le...

le 17 mai 2015

212 j'aime

20