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Lorsque j'écoute les dialogues entre Daniel et Adrien, je ne peux m'empêcher de superposer à leur image deux chimpanzés chacun tentant de persuader l'autre qu'il est le mâle dominant. Biensûr, ce sont des hommes, et ils connaissent parfaitement la vanité de leurs actes ; c'est en bon camarades qui se cherchent la guerre, ce n'est qu'un jeu, un tout pour rien en somme... Mais qu'est-ce qu'ils s'ennuient... Et qu'est-ce qu'ils m'ennuient... Deviner qu'Adrien s'ennuie lui-même de sa présomtueuse personne est épuisant... De nuance en nuances il parvient à échapper au sujet même de ses pensées... En réalité, sa fuite en avant ne s'arrête jamais.
Il cherche le vide par l'exercice, sans s'avouer qu'il est lui même empli du vide, plus précisément de la vacuité, réelle cette fois-ci, des pensées qui ne sont créées que pour excuser sa paresse... Cette recherche du néant n'étant au fond que ce désir viril et capricieux de ce qu'il n'obtiendra jamais: elle ne parvient qu'à éviter la profondeur réelle de ce qu'aurait pu être ce vide salvateur qu'il glorifie. (T'as suivi ? Non ? Je m'en fous, je fais comme dans le film.) "C'est travailler qui est facile" dit-il d'un air détaché, cet air qui exprime tant l'absurdité des paroles lachées. Cette attitude est exactement la même que celle qu'il adopte face à Haydé, ce symbole attirant de la vacuité, simple et honnête, qu'il prend sans obtenir, qu'il désire seulement pour avoir le pouvoir de rejeter.
J'y vois une vaste, très vaste mascarade. Tout ce qui est dit veut dire son contraire, tout ce qui est fait n'est qu'une destruction de ce qui est. De ce point de vue, ça me parait très habile. Mais ce personnage est tellement épuisant et insultant qu'il me positionne dans une colère sourde. Quel plaisir m'aura apporté la scène chez Sam, ou chacun jouait enfin son propre rôle : enfin des paroles qui tenaient des propos un peu directs... Mais encore annihilés par cette scène de théâtre montée par Adrien. On en revient à cette fameuse boite, entourée de lames tranchantes. Quand on la prend, et qu'on obtient d'elle enfin ce à quoi elle est destinée, les lames blessent, font lacher la boite, et on annihile par là sa fonction réelle. C'est un objet impossible. Un but impossible : un repos impossible, une fille impossible, bref, ce voyage impossible dans la petite maison de l'impossible en montagne me donne le vertige.

Enfin, quoi, bon, au final, si les personnages m'ont répugné, le film m'aura au moins permis de faire un petit tour en enfer, ce qui n'est pas sans intérêt. N'EST-CE PAS.
IrisBrumaire
6
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le 7 sept. 2014

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IrisBrumaire

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