Dans le but trop ambitieux de compléter ma liste des 1001 meilleurs films à voir j'ai choppé ce classique film culte qu'est la Colline a des yeux.
Je ne sais pas si la figure de Wes Craven a été souvent évoquée sur le site. Ce metteur en scène a toujours prouvé dans ses films et avec une constance louable son cynisme revendiqué à l'égard de l'espèce humaine et son désir carnassier, bien qu'écolo, de participer à la réduction significative des effectifs de ladite espèce.
Je lui en suis donc reconnaissant, en tant que spectateur, et je salue comme il se doit l'un des pionniers d'un genre très bankable, et donc très respectable, à défaut d'être reconnu par les autorités culturelles : le film d’horreur.
Je vais donc essayer de me faire pendant juste un instant le Dupont-Moretti du crado et du gore.
Je clamerai donc haut et fort la nostalgie du baby-boomer pour le cheap post-hippie, le fétichisme du survival fauché, l'effroi outré et donc jouissif de la grand-tante catho, les gesticulations comiques du pasteur évangéliste et mes premiers émois de boutonneux frustré. Je ferai remarquer aux vertueux le happy-end final et le retournement de situation, dûment approuvé par la NRA, dans le décor sordide des paysages désolés du Comté de San Bernardino en Californie.
Mon verdict : Tout a tellement vieilli ! Maquillages, décors, scénario, sujet, tension... La provocation, la sauvagerie et le gore qui scandalisaient à l'époque n’opèrent plus, dépassés par bien plus sanguinolent et plus rythmé.
On pourra ainsi déplorer la caricature des membres de la famille d' Américains moyens qui empêche toute empathie avec eux et les approximations dans la description des membres de la famille de dégénérés qui nuisent à l'efficacité. On déplorera aussi toute absence de justification rationnelle à l’attitude des cannibales. Il n’y a pas d’allusion à un accident nucléaire du côté d' Area 51 ou à des expérience du lobby militaro-industriel qui auraient foiré, comme dans le remake de 2006 de Aja.
Côté interprétation, seule la tête un peu spéciale de Mickael Berryman, celui que l'on voit sur l'affiche peut encore impressionner la galerie. Je sauverai aussi l'interprétation des chiens qui pour une fois ont un rôle aussi important que les humains, ce qui ravira les antispécistes, avec le regret cependant qu' un des chiens soit tué au début.
On ne pourra pas s'empêcher de penser à Massacre à la Tronçonneuse et surtout à Délivrance qui sont sortis plus tôt et qui ont dû influencer Wes Craven sans aucun doute. Mais, et ce sera tout, le film n’est pas crédible, ressemble à un tournage amateur et se révèle plus grotesque qu’effrayant.