Bon eh bien c’était plutôt de la merde.
Même si je dois bien dire que je m’attendais à largement pire, compte tenu des conditions de production dégueulasses du film (tournage interrompu en cours de route faute de thunes, puis montage à l’arrache deux ans plus tard avec les rushes disponibles), qui auront d’ailleurs valu à Craven de le renier. Là, c’est mauvais (zéro sens de la mise en scène, zéro rythme, zéro angoisse, minimum syndical de gore, acting douteux), mais pas fondamentalement plus torchon que le premier épisode, qui souffrait déjà plus ou moins de toutes ces tares (et qui n’avait en réalité pour lui qu’un super concept et un scénario qui tenait la route).
Là, à l’exception des dix minutes de flash-backs du premier opus, qui sentent bon le remplissage pour atteindre péniblement l’heure et demie de film – un procédé cela dit assez commun chez la concurrence –, le résultat ne trahit pas spécialement le bordel en coulisse. Cette Colline a des yeux deuxième du nom ressemble simplement à une mauvaise suite lambda de slasher lambda.
Ceci d’autant plus qu’en lieu et place de la gentille petite famille du film original, les héros sont ici une bande de jeunes (insupportables, forcément) qui s’en battent les couilles du drame du premier opus et en rigolent – quand ils ne s’amusent pas à se faire peur entre eux. On a parfois vraiment l’impression de regarder un Vendredi 13 (franchise dont les trois premiers épisodes sont sortis entre le premier La Colline a des yeux et le tournage de celui-ci, tiens tiens), ce qui n’est pas un compliment. Sachant que les Vendredi 13 (nuls aussi) avaient au moins pour eux un boogeyman imposant (bon, surtout à partir du n°3, j’avoue)… Ici, les mutants ne sont plus qu’au nombre de deux (soit) et sont surtout tous les deux des bouffons plus qu’autre chose : le revenant Pluto, dont on se demande bien comment il a pu survivre au premier opus (dans lequel il était déjà un guignol), et le nouveau Reaper, un gros balourd braillard. Les deux sont ridicules… et la menace en prend un sacré coup. Et Pluto est même carrément un couard qui fuit devant le héros et plus tard devant le chien… paye ton boogeyman en mousse, sérieux.
Puis du coup, avec la bande de jeunes têtes à claques d’un côté et les deux boogeymen moisis de l’autre, l’issue du combat intéresse qui ?
Le film avait pourtant deux bonnes idées à exploiter – le retour de Ruby et le personnage de la jeune aveugle – mais il les traite toutes les deux très mal : la sauvageonne Ruby du premier film devenue une prof de moto-cross parfaitement équilibrée et insérée à la société, heu, sérieux ? L’évolution du personnage est si improbable que je me suis vraiment demandé pendant les vingt-trente premières minutes du film s’il s’agissait bien d’elle ou si je délirais et que l’actrice ressemblait juste à la Ruby du premier épisode. Pareil pour la nana aveugle : sans déconner, je n’ai compris qu’après la moitié du film qu’elle était aveugle, c’est chaud là. Ou bien c’est archi-mal fichu ou bien je suis vraiment super con (pas sûr d’avoir envie de connaître la réponse, vous pouvez vous abstenir de commenter).
Enfin bref, je ne vais pas tirer plus longtemps sur l’ambulance : c’était nul et, très honnêtement, au vu du premier opus, je ne pense pas que cette suite aurait été significativement meilleure si Craven avait pu la boucler correctement. Je serais d’ailleurs curieux de savoir quelles scènes prévues n’ont pas pu être tournées, parce qu’en soi, le film semble « complet » en l’état. Donc il manque peut-être plusieurs scènes au bousin mais mon petit doigt qu’elles n’auraient rien changé au résultat final.
Et du coup, je préfère encore la suite du remake de 2006.