Quand Wes Craven réalise The Hills have Eyes en 1977, il avait réussi le tour de force de miser sur un survival qui, s’il était loin d‘être parfait, n’en demeurait pas moins radical. Wes Craven va ensuite réaliser The Hills have Eyes Part II en 1985 où ni l’histoire ni la mise en scène ne parvenaient à se hisser au niveau du premier. Pire, c’était vraiment nul.

Puis ce fut le miracle. En 2006, le français Alexandre Aja est choisit pour en faire un remake. Parvenant sans problème à surpasser son modèle voire même à le pulvériser, son The Hills have Eyes a mis tout le monde d’accord. Sans concession, d’une perversité révulsive, remarquablement mis en scène, les séquences sur le champ d’entraînement où les mutants conservent leurs victimes ou celle dans laquelle la famille est envahie dans la caravane sont incroyables de réalisme, et avec pour toile de fond la capacité de l’homme à se transformer en bête sanguinaire quand on touche à sa famille.

Suite au succès du box-office, une autre suite fut mise en chantier sous le parrainage de Wes Craven. Si Alexandre Aja était partant pour s’en occuper, il fut gentiment remercié par Wes Craven, estimant que le scénario était trop subversif et anti-américain pour être solvable (alors que le premier l’était déjà). Exit donc le français, Wes Craven reprenant les rênes de sa franchise qu’il avait déjà saboté dans le passé.

Wes Craven s’attaque alors au scénario à toute vitesse avec l’aide de son fils Jonathan Craven car il a promis un scénario à la FOX via son label extrême : FOX Atomic dans les plus brefs délais.

A la base, Wes Craven voulait écrire un scénario à partir de Brenda Carter, le personnage joué par Emilie de Ravin dans le remake. Traumatisée à vie par sa terrible expérience dans le désert, elle décide de s'engager dans l'armée et d’amener un petit commando sur les lieux pour décimer le reste des mutants. Mais retenu par le tournage de la série Lost, la comédienne ne pouvait pas reprendre son rôle. Au lieu de la remplacer, Wes Craven a réécrit le rôle devenant Missy Martinez ou Amber Johnson (je penche plus sur elle).

Pour le reste, père et fils ne se sont pas compliqués la tâche tant le scénario ressemble à une pâle copie du The Hills have Eyes Part II de 1985, simplement rafistolée avec un nouveau décor militaire. En remplaçant les jeunes motards par une troupe de soldats, le film se contente de recycler l’intrigue usée de l'original, ajoutant à peine de nouvelles idées. Le résultat est une trame scénaristique qui manque d'originalité et qui se limite à un enchaînement de clichés éculés et de scènes de violence sans véritable innovation. Les militaires, tout comme les motards précédents, sont essentiellement des pions interchangeables, leur présence ne servant qu’à multiplier les meurtres et à remplir le quota de gore sans aucune profondeur ni originalité. L’absence d’imagination dans la refonte du scénario trahit un manque de véritable effort créatif, donnant l’impression que ce film est une simple excuse pour réutiliser une formule éprouvée au lieu de proposer quelque chose de réellement nouveau ou pertinent.

Martin Weisz, réalisateur de cette suite, n'est pas totalement étranger aux univers malsains. Il s'est longtemps illustré dans la réalisation de clips et spots publicitaires, avant de réaliser Rohtenburg en 2006, un film primé au Festival International de Catalogne, tiré d'un fait divers réel autour du cannibalisme.

The Hills have Eyes 2 sort donc en 2007, à peine un an après le remake de Alexandre Aja.

En dépit de ses ambitions, le film échoue à offrir une expérience de slasher mémorable, se contentant d'un enchaînement de meurtres prévisibles sans vraiment prendre soin de ses personnages. Les soldats sont dépeints de manière stéréotypée et peu développée, ce qui les rend interchangeables et peu attachants. Cependant, le film introduit une idée qui, bien que controversée, se distingue par son originalité : l'utilisation des femmes comme poules pondeuses pour la reproduction des mutants. Cette notion dérangeante, qui présente les femmes capturées comme des réservoirs de fertilité forcées de porter les enfants des mutants, ajoute une dimension particulièrement sinistre et perverse au film. Elle sert de critique brutale à la déshumanisation et à l'exploitation des femmes dans un monde où la survie a pris une tournure terriblement dégradante.

Malgré l’idée perturbante des femmes comme poules pondeuses, Wes Craven se sent obligé d'inclure une scène de viol, ce qui donne l'impression que le film suit une formule préétablie plutôt que de chercher à innover. Cette inclusion semble être un passage obligé pour sa franchise, un cliché malvenu qui ne fait qu'alourdir le récit de manière gratuite et insensible. L'utilisation du viol comme élément de choc et d'horreur devient un mécanisme éculé qui, loin de renforcer la tension ou la profondeur du film, finit par se sentir comme une exploitation peu inspirée de la terreur. Cela démontre un manque de créativité et de subtilité, où le film privilégie la provocation facile au lieu de développer de nouvelles idées ou d'approfondir ses thématiques de manière significative. En fin de compte, cette scène, loin de servir le récit, apparaît comme une concession aux attentes du genre, sans apporter de réelle valeur ajoutée au film.

Mine de rien, le film se raccorde aussi au précédent volet avec le personnage de Napoleon, qui, à l'instar de Doug dans le premier film, commence comme un pacifiste critique du gouvernement américain. Napoleon, en tant que soldat, exprime ouvertement son scepticisme envers les politiques et les actions militaires des États-Unis, évoquant une désillusion avec le système et un refus du conflit. Ce personnage critique la militarisation et la violence systémique, mais, comme Doug avant lui, il est contraint de se transformer pour survivre dans cet environnement hostile. La transformation de Napoleon en tueur intervient lorsqu'il écrase le crâne d’un mutant à coups de rocher. C’est une illustration brutale de l’effondrement moral et éthique auquel il est confronté. Cette scène souligne la manière dont les circonstances extrêmes peuvent pousser même les plus fervents pacifistes à embrasser la violence, réaffirmant ainsi une fois de plus le thème central de la déshumanisation et de la survie à tout prix.

La distribution est peu inspirée, les acteurs livrent des performances qui peinent à convaincre. Les interprètes de la troupe militaire sont particulièrement plats et caricaturaux, manquant cruellement de profondeur et d'authenticité. Ils sont réduits à des stéréotypes ennuyeux, leurs dialogues semblant souvent forcés et dénués de crédibilité. Leur manque de charisme et de nuance rend difficile l'engagement émotionnel du spectateur, transformant ce qui aurait pu être une dynamique de groupe intéressante en une série de clichés interchangeables. Cette faiblesse dans le jeu d'acteur accentue les défauts du scénario et alourdit le film, faisant du film une suite dont les faiblesses sont autant dues à son écriture qu’à son interprétation médiocre.

The Hills have Eyes 2 est une suite qui échoue à capitaliser sur les qualités de son prédécesseur, offrant une expérience décevante. Malgré une idée de base intrigante, telle que l'utilisation des femmes comme poules pondeuses et la critique acerbe du gouvernement américain à travers des personnages comme Napoleon, le film se perd dans une série de clichés éculés et de scènes de violence gratuites. La distribution peu inspirée, les personnages stéréotypés, et une intrigue qui semble se reposer sur une formule éculée de slasher, contribuent à un produit final qui manque de profondeur et de véritable innovation. En fin de compte, le film paraît plus préoccupée par la provocation que par la création d'une œuvre cohérente et percutante.

StevenBen
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le 16 sept. 2024

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Steven Benard

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