« I can not go out in the desert. » BOBBY CARTER

Devant l’insistance des éditeurs de VHS britanniques, motivés par l’énorme carton que constitua la sortie vidéo de The Hills have Eyes premier du nom dans leur pays, Wes Craven accepta de tourner une séquelle alors qu’il n’était pas initialement enthousiaste à l'idée de faire une suite à son film culte. Il avait d'autres projets en tête, mais sous pression des producteurs et pour des raisons économiques, il s'est lancé dans cette production sans pouvoir y consacrer toute son attention ou son énergie créative.

Wes Craven fait revenir le personnage de Bobby Carter, toujours interprété par Robert Houston. Il a cependant un rôle très bref et limité, malgré son importance dans le premier film. Bobby était l'un des survivants de l'attaque brutale des cannibales, et son personnage a traversé une grande partie de l'horreur. Dans cette suite, il est montré au début du film, souffrant visiblement de stress post-traumatique à la suite des événements qu'il a vécus. Bobby, qui est devenu co-propriétaire d'une société de motocross, refuse de retourner dans le désert où l'attaque a eu lieu. Sa présence se limite essentiellement à ce passage introductif où il exprime sa peur et son incapacité à affronter à nouveau cet endroit, après quoi il disparaît complètement de l'intrigue.

Cette apparition succincte de Bobby est principalement utilisée pour faire le lien avec le premier film et établir un contexte pour les nouveaux personnages, mais il n’a pas un rôle significatif dans l’action principale du film. Robert Houston, après avoir joué Bobby dans les deux films, s'est ensuite tourné vers la réalisation de documentaires, laissant derrière lui sa carrière d'acteur.

Le film adopte la structure d'un slasher classique en se concentrant sur un groupe de jeunes personnages qui sont traqués et tués un par un par des cannibales dans un environnement isolé. À l'instar des slashers typiques des années 1980, le film suit un schéma où chaque victime est éliminée de manière plus ou moins violente, souvent après s'être séparée du groupe, un trope récurrent du genre. L'accent est mis sur la tension et les meurtres graphiques, avec des personnages stéréotypés qui servent principalement de chair à canon, ce qui reflète les conventions du slasher tout en essayant de conserver l'ambiance brutale et désertique du premier film.

Le groupe de jeunes motards qui sert de protagonistes est totalement insipide et ne parvient jamais à susciter l'empathie. Ils sont présentés de manière superficielle, sans véritable développement de personnalité, ce qui les rend interchangeables et peu intéressants. Leurs dialogues sont banals et leurs actions souvent irrationnelles, suivant les clichés du genre slasher, où ils s'isolent ou prennent des décisions imprudentes qui les conduisent à leur perte. En raison de ce manque de profondeur et d'attachement émotionnel, leurs morts n'ont que peu d'impact, rendant difficile de se soucier de leur sort ou de s'identifier à eux.

Janus Blythe, qui reprend son rôle de Ruby (ou Rachel) du premier film, est l'un des rares personnages à apporter un semblant de profondeur à l'intrigue. Elle se distingue surtout parce que son personnage a déjà été développé dans l'épisode précédent, où elle avait quitté la vie sauvage de sa famille cannibale pour aider la famille Carter à survivre. Dans cette suite, Ruby est la seule à avoir un passé significatif et une motivation claire, cherchant à protéger le groupe des jeunes motards des mêmes horreurs qu'elle a connues. Sa connexion émotionnelle avec l'histoire et son évolution antérieure lui donnent une certaine dimension, mais malheureusement, elle est sous-utilisée dans un film où les autres personnages sont largement oubliables.

La disparition mystérieuse de Ruby vers la fin du film est un élément étrange qui laisse penser qu'il pourrait s'agir d'un problème de production plutôt que d'un choix scénaristique. Ruby est un personnage clé, et son absence soudaine dans la conclusion du film est incohérente avec son rôle central jusqu'à ce point. Plusieurs facteurs liés au tournage chaotique du film peuvent expliquer cela, il est probable que son absence soit due à l’interruption prématurée du tournage, ce qui a poussé la production à improviser et à finaliser le film sans certaines séquences prévues, ce qui a laissé des trous dans l'intrigue, dont la disparition inexpliquée de Ruby.

Et pour cause, avec les problèmes financiers des producteurs, le film a été laissé inachevé pendant un temps. Wes Craven a dû abandonner le tournage avant même de terminer toutes les scènes prévues. Le cinéaste est alors parti tourner son célèbre A Nightmare on Elm Street pour New Line Cinema. Après le succès du film mettant en scène Freddy Krueger en 1984, les producteurs convainc Wes Craven de finaliser le film mais sans pour autant tourner de nouvelles séquences.

Wes Craven a donc dû se tourner vers des scènes déjà tournées dans le premier film pour combler le manque de matériel et de contenu narratif. Ce recours excessif aux flashbacks non seulement fragilise la structure du film, mais donne aussi une impression de redondance qui fatigue le spectateur.

Les flashbacks sont utilisés de manière particulièrement étrange et excessive, y compris pour des personnages comme Bobby Carter et Ruby (ou Rachel), mais aussi, de façon plus absurde, pour un chien. Dans une scène mémorable, le chien, Beast, semble se rappeler un moment de l’attaque du premier film, ce qui a été largement moqué pour son incohérence et son manque de sens.

Ces séquences non seulement ralentissent le rythme du film, mais elles font aussi ressortir la faiblesse du scénario. Plutôt que de développer de nouveaux arcs narratifs ou approfondir les nouveaux personnages, le film se repose lourdement sur des événements passés, donnant l’impression que l’intrigue n'avance pas.

The Hills have Eyes Part II sort donc en 1985 après A Nightmare on Elm Street alors qu’il a été tourné avant et donne l’impression d’être une moitié de film (et une moitié loupée).

The Hills have Eyes Part II est une suite ratée et bâclée qui trahit l’héritage de son prédécesseur. Faute de budget, d'un scénario solide et d'une direction claire, le film se noie dans des clichés de slasher sans offrir de tension ni de personnages attachants. L'utilisation excessive de flashbacks et la disparition inexpliquée de personnages-clés révèlent un tournage chaotique et un manque flagrant de vision. Ce film est une tentative opportuniste de capitaliser sur le succès du premier, mais il échoue lamentablement à capturer l'intensité brutale qui avait fait de l'original un classique de l'horreur. Un faux pas indéniable dans la carrière de Wes Craven qu’il avoua lui-même.

StevenBen
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le 15 sept. 2024

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Steven Benard

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