La Colline aux Coquelicots est le second film du fils Miyazaki. Il raconte l'histoire toute simple de Umi et Shun, deux lycéens qui tombent amoureux l'un de l'autre en partageant de plus en plus d'activités dont la principale demeure la restauration du vieux foyer étudiant, un quartier latin d'inspiration européenne ou se réunissent tous les membres de clubs tous plus farfelus les uns que les autres. Mais bien sur, quelque chose va menacer cette idylle naissante... C'est donc une simple histoire d'amour sur fond de nostalgie des années 60 et de vie lycéenne.
Ce genre de film, ancré dans la réalité, n'a rien d'anecdotique dans la filmographie de Ghibli, mais celui-ci est celui qui me laisse peut-être le plus indifférente, alors que certains se ses prédécesseurs posés sont devenus des coups de coeur. Cela tient je pense à quelques menus détails que je vais exposer.
Dans la Colline aux Coquelicots, l'histoire d'amour est mignonne comme tout et comme dans tout film japonais, très subtile. On suit le cours des sentiments sans se plaindre et avec tendresse, et si vous gardez un coeur d'adolescent, vous n'attendrez que que ces deux andouilles finissent par se dire qu'ils s'aiment. Les personnages sont assez attachants, mais malheureusement, si ancrés dans leur époque qu'ils en deviennent lisses. Umi est ainsi attachante, car c'est une jeune fille blessée par la mort de son père, dévouée à sa famille, mais elle est un peu trop parfaite pour remporter les suffrages. Du moins jusqu'à ce que sa mère rentre et qu'elle laisse poindre, enfin, sa douleur et ses difficultés. Moins parfaite d'un coup, on l'apprécie beaucoup plus. Le même constat pour Shun : les deux adolescents sont en fait les archétypes des jeunes gens de l'époque. Après, on apprécie ou pas. Je me situe entre les deux : les personnages sont plaisants mais je ne me suis pas excessivement sentie concernée par eux. Un autre élément qui fait de La colline aux Coquelicots un film mineur se situe au niveau de l'évolution des personnages. En fait, il n'y en a pas. Bien sur, ils parvienent ensmble à sauver le quartier latin mais il faut avouer que c'est un peu léger comme évolution. Là où "Si tu tends l'oreille" profitait de son histoire d'amour pour dresser le portrait d'adolescents passant à l'age adulte et montrait les changements qui s'opéraient donc dans le comportement de la jeune héroine, "la colline aux coquelicots" reste cantonnée à son histoire d'amour et uniquement à elle, oubliant même pour cela les personnages secondaires, tous stéréotypés. Heureusement que cette histoire est agréable à suivre.
La grande originalité du film est en fait à situer dans son contexte. Le cadre est posé et donne un cachet de charme au film tout entier : 1963, au Japon. On découvre alors un monde bien différent du nôtre et du Japon actuel avec intérêt : petites échoppes, villages verdoyants, pressions sociales, traumatisme de la guerre. La description est réellement un point fort. Les décors sont ainsi évocateurs et charmants. L'animation est correcte, belle (évidemment pour Ghibli), mais assez minimaliste. Néanmoins, quand on connait les délais très courts et les circonstances de création du film, cela reste un très beau travail.
La musique, enfin, dénote complètement avec les autres musiques du studio. Très ancrée dans les années 60, elle aussi, elle a le mérite de se retenir après le visionnage.
Sur le fond, le film est donc réussi, tout comme l'histoire d'amour mignonne et le contexte unique. Mais pour le reste, c'est malheureusement assez plat. Dommage.