critique écrite le 3 août 2016
Avec 12 hommes en colère, ce film est sans aucun doute l'un des meilleurs de Sidney Lumet, en tout cas l'un de mes préférés. Véritable pamphlet antimilitariste et virulent réquisitoire contre les mauvais traitements infligés aux soldats des camps disciplinaires anglais en Afrique du Nord, le film reste comme l'une de mes plus grandes claques cinématographiques. C'est un drame intense d'une puissance phénoménale, la mise en scène de Lumet ne fait aucune concession, il filme les visages des acteurs au plus près, avec des gros plans saisissants, et sa direction d'acteurs est remarquable. C'est aussi la lutte d'un homme pour conserver sa dignité. Sean Connery qui était à l'époque en pleine bondomania, trouvait là un rôle dramatique de poids, Harry Andrews campe merveilleusement un adjudant peau de vache dévoré par la discipline stricte et brutale, tandis que Ian Hendry en sergent sadique et raciste est excellent malgré ce rôle ingrat, le reste de l'interprétation étant au diapason. Les mecs ne font que gueuler, les séquences sont d'une intensité inouïe. A signaler l'absence de musique et la photo noir & blanc d'Oswald Morris d'une exceptionnelle qualité. Tourné en Espagne où le camp fut reconstitué dans le désert d'Almeria, le film fut présenté au Festival de Cannes en 1965 et fut très remarqué. C'est le genre de film qui vous secoue les tripes, un peu comme les Sentiers de la gloire, une oeuvre vigoureuse et choc sur un univers d'hommes dans une atmosphère impitoyable parfaitement rendue dénonçant les pratiques inhumaines carcérales. A voir absolument.