Une chose est incontestable : Luàna Bajrami est une surdouée. Non contente de s'imposer dans le paysage cinématographique français, dans son métier d'actrice, la voici désormais réalisatrice, dans son Kosovo natal, avec La colline où rugissent les lionnes, présenté à Cannes, quelques mois après son vingtième anniversaire. Le film exprime le désir de liberté de la jeunesse kosovare, à travers ses trois héroïnes, des amies à la vie, à la mort, qui étouffent dans leur petit village, sans aucune perspective d'avenir. Son thème et son traitement, au moins dans un premier temps, rappellent le mémorable long-métrage turc Mustang. Mais La colline où rugissent les lionnes s'échappe peu à peu de son ton réaliste, avec des situations familiales difficiles simplement esquissées, pour une vision fantasmatique de libération et d'accomplissement que l'on est libre ou non de trouver crédible. Malgré quelques maladresses habituelles des premières œuvres, du point de vue du rythme, notamment, le film convainc par son énergie indéfectible et une interprétation remarquable de ses trois lionnes (dirigées par une cinéaste plus jeune qu'elles). Avec La Ruche, également au crédit d'une jeune réalisatrice, le cinéma kosovar vient en peu de temps montrer qu'il fallait désormais compter avec lui.