Très chouette film.


J'aime beaucoup ce message, non pas sur la bible mais sur le fait que parfois un rien peut complétement transformer une personne. Car il faut bien le dire quand le personnage fait part de son rêve, à savoir devenir prêtre, au début du film, on n'y croit pas trop vu ce qu'il s'est produit dans la scène d'intro. Cela m'a fait penser à ces élèves que des collègues dénigrent parfois : parce qu'une élève a des mauvais points en classe et perturbe le cours, il sera incapable d'avoir une bonne vie plus tard et d'être quelqu'un de sympa ? C'est idiot. Les gens ont leur défauts et leurs qualités, c'est tout.


J'aime aussi cette vision très personnelle de la religion par le héros ; quand il fait son office, c'est plus comme le gourou d'une secte que comme un vrai prêtre. Mais sa méthode, aussi incorrecte soit-elle, apporte de la fraîcheur dans la paroisse. Faut dire que les gens sont tous un peu cons et malléables, une chance que l'ex délinquant n'en ait pas profité.


Le film pose la question de la culpabilité de façon intéressante aussi. Ce n'est malheureusement pas assez développé mais c'est clairement un atout. On cherche toujours quelqu'un à blâmer et le pardon est plus facile dans les livres ou dans un sermon que dans la réalité.


Le personnage principal est fascinant. Imparfait mais complétement à fond dans son délire. L'intrigue, basée sur des faits réels, se suit plutôt bien ; le quiproquos fonctionne, la manipulation est crédible : on y croit. Les personnages secondaires sont bien écrits aussi, dans un registre plus minimalistes, mais ça suffit. Les conflits sont présents, que ce soit pour cacher la vérité ou pour aider ces gens.


La mise en scène est très bonne : quelques plans mémorables, mais le tout reste assez sobre, sans trop d'effets de style malvenus. Le découpage fonctionne, mettant bien en avant cette folie qui habite le personnage principal (ce regard) ; le montage est bien rythmé, avec des moments plus doux mais aussi des moments assez nerveux. Les acteurs sont tous très bons ; on retiendra surtout l'acteur principal avec son faciès si particulier, son regard d'illuminé, ses yeux qui reflètent si étrangement la lumière. La BO passe assez bien. Et enfin le décor est bien choisi : on s'y retrouve dans ce petit village, un peu comme dans un jeu vidéo (référence pas anodine quand on analyse la filmographie du jeune réalisateur polonais), et puis l'esthétique fait un peu penser à l'expressionnisme, on sent que quelque chose de ne va pas dans ce bled.


Bref, très chouette film. Certes, je n'ai pas trop accroché au tout premier essai de cet auteur-réalisateur et son deuxième 'insurrection' ne m'emballe pas des masses (je testerai tout de même à l'occasion) mais ce "Corpus Christi ainsi que son "Goût de la haine" sont vraiment de très bons films.

Fatpooper
9
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le 9 mars 2021

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