Intrigué par le pitch de ce film mêlant apparemment fantastique/horreur, romance et biopic historique, je voulais voir comment s'en sortait Julie Delpy, dont la liberté de ton et d'action dans sa carrière révèle une personnalité libre, complexe...bref j'étais intrigué.
Brisant tout suspens, j'oserais presque dire que le film est à l'image de sa réalisatrice : intéressant, riche, indépendant mais malheureusement, relativement chiant au final.
La rapide introduction (presque bâclée) de la jeunesse de la comtesse, qui laisse malgré tout entrevoir d’intéressants ponts vers la folie, l'horreur, la cruauté et l’intelligence du personnage principal, aguiche le spectateur sur sa complexité et les éventuelles surprises inhérentes à ses traits de caractère. Bizarrement cette intro est relativement éloignée du reste film qui lui, est quelque peu plombé et sans souffle, malgré l’intérêt du sujet et la performance remarquable de Julie Delpy.
En effet, le point fort du film réside dans l'interprétation de cette légendaire comtesse par Miss Delpy qui signe probablement sa meilleure performance d'actrice, sublimée par sa glaciale beauté collant à merveille au personnage.
Le reste du casting est par ailleurs fort sympathique (Daniel Brül, William Hurt, Anamaria Marinca) mais ne force pas non plus son talent outre mesure. Couplé à l'apparent manque de moyen, je crois que l'on approche des causes de ce manque d'allant et d'intérêt pour le spectateur qui pointe son nez au à mi parcours. Mention spéciale à Daniel Brül qui, malgré une belle entrée, finit par devenir amorphe et léthargique au fur et à mesure de l'avancée du film.
Les thèmes sont riches, nombreux, la réalisation soignée, certains plans très beaux, assurément inspirés par la peinture classique de l'époque, mais le film ne décolle pas vraiment malgré l'énergie du début du film et du souffle de la romance naissante avec son amant.... le temps parait long alors que le film dépasse à peine les 1h30.
J'ai l'impression que Delpy a hésité entre plusieurs traitements et a finalement opté pour une voie médiane assez molle au final : l'horreur ne fait pas peur, l'amour s’essouffle rapidement au profit d'une folie qui finit par ennuyer malgré quelques tentatives de scènes marquantes, la mise en scène des intrigues trop convenue, bref un biopic classique qui au fil des minutes devient presque chiatique.
Outre le jeu de Delpy, la force du récit finit par résider dans les thèmes abordés à travers le personnage de la comtesse Bathory : le féminisme éclairé du personnage, son intelligence, son approche de la religion (mini twist final) mais surtout dans la relative réalité des faits reprochés car comme l'indique le narrateur dès les premières minutes du film : la vérité est toujours racontée par les vainqueurs c'est à dire les hommes de pouvoirs, ennemis déclarés de notre "héroïne".
Pour faire court : à ne pas manquer pour les fans de J. Delpy, à voir pour les fans de biopic historique, pour les autres n'hésitez pas à boire un ptit café (un red bull pour les jeunes) dès la 35ème minutes pour éviter un petit assoupissement qui vous ferait rater la fin.