Bien des années après sa mort, la (vraie) histoire de la comtesse Erzébet Báthory nous ait connu à travers le regard de son amant…
L’un de mes premiers amours cinématographiques et pourtant, quelle déception que de le redécouvrir, l’autre soir sur Arte.tv…
La réalisation est toujours fantastique, le scénario toujours bon et Julie Delpy est toujours éblouissante dans le rôle-titre. J’ai même eu le plaisir de découvrir la musique du film, un élément auquel je ne m’étais pas intéressée la première fois que je l’avais vu.
En fait, ce qui maintenant me chagrine, après coup, c’est le propos. Delpy apporte ici une réflexion sur le féminisme et la position historique de la femme qui est assez intéressante. Le personnage historique qu’elle prend est en plus le parfait exemple de tout ce qu’une femme a pu se prendre dans la tronche chaque fois qu’elle a voulu, dans l’Histoire, gagner en indépendance ou être l’égale des hommes. C’est d’autant plus frappant dans le cas de Báthory que, quand on analyse tout ce qu’on sait sur elle, on se rend compte que c’est à 90% de la propagande. Oui, tous ses crimes, les monstruosités qu’elle aurait commises, ses mœurs légères, tout ça, c’est faux ! Et qu’est-ce que fait le film ? Il les reprend en grande majorité… pour dénoncer la chasse aux sorcières dont Báthory a été victime ! Le film essaye donc de jongler entre la pure légende et les faits historiques et ça ne marche pas, notamment lorsque la comtesse joue la carte de l’innocence alors qu’on a des preuves sérieuses qu’elle a vraiment tué des gens. Certes, on essaye de justifier tout ce bazar par la voix du narrateur, ancien amant (qui, comme par hasard, fait partie de la légende) de la comtesse, qui ne serait là que pour défendre la noire réputation de celle qu’il a tant aimée. Sauf que ça ne fonctionne pas parce que, chaque fois qu’il rapporte soi-disant des ra-comte-ards (jeu de mots) sur sa bien-aimée, il obtient ensuite la « preuve » physique que c’est vrai : du coup, il reste quoi pour soi-disant défendre Báthory ?
C’est d’autant plus frustrant que certains éléments de la légende ont été ajoutés comme ça et disparaissent comme ils sont venus (comme ça).
Sinon, il y a évidemment d’autres thèmes à prendre en compte dans ce film comme la contrainte de la beauté chez les femmes mais, avec le recul, et à cause de toute la construction du film, je ne trouve plus le message aussi pertinent. C’est triste…
Certes, l’histoire de la comtesse aurait été moins intéressante si le film avait été moins enclin à suivre la propagande autour d’Erzébet Báthory mais le problème, ici, est qu’un beau souvenir d’adolescence est moins bien que dans mes souvenirs… et c’est dommage.