la Comtesse aux pieds nus est le premier film de Mankiewicz en tant que producteur indépendant et en tant qu'auteur complet ; le sujet lui tenait à coeur, et j'ai lu quelque part que pour lui, c'était une sorte de conte de fée d'aujourd'hui, une version moderne de Cendrillon où il s'interroge sur la vérité des êtres et des faits. Qui est donc cette femme que l'on enterre sous une pluie battante dans un petit cimetière italien ? Mêlant la réalité à la légende, jouant sur les apparences, Mankiewicz signe sans aucun doute l'un de ses plus beaux films, qui est d'ailleurs devenu mythique, en partie grâce à son duo de stars : Ava Gardner y est Maria Vargas, une chanteuse d'un petit cabaret madrilène, un rôle en or qu'elle tient brillamment, face à Bogart qui incarne son ami sincère, une sorte de performance quand on sait qu'il détestait Ava, qu'il n'arrêtait pas de la provoquer et de l'asticoter entre les prises, d'où un tournage orageux.
En dépit des apparences, ce film n'est pas mélodramatique, le réalisateur raconte l'itinéraire d'une star, entremêlant 3 récits vus par ceux qui l'ont connue et aimée, on devine dès lors que ce personnage devra être sacrifié, c'est l'autopsie d'une destruction dans ce portrait de femme indépendante et sauvage, qui cherchait l'amour-passion, mais pas comme une midinette. Son parcours permet à Mankiewicz de brosser une collection de figures archétypales de la médiocrité, des cibles qu'il n'épargne pas : des faux nobles, des nobles, des arrivistes, des machos possessifs, des parasites... en faisant de la veulerie dorée une description impitoyable. J'ai trouvé cet aspect intéressant, mais malgré son statut de film culte ou mythique, je n'ai pas été aussi sensible que je l'étais lorsque j'avais vu ce film plus jeune ; l'avoir revu m'a permis de me rendre compte que parfois, je réévalue des films que j'avais mal jugés, mais aussi que certains films portés au pinacle par une certaine élite de critiques, ne rejoignent plus mes aspirations. C'est le cas ici ; ceci dit attention, c'est quand même un film qu'il faut voir quand on aime le cinéma.

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le 18 août 2017

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