Sans aucun doute La couleur de l'argent représente un Scorsese mineur, peu inspiré, ayant pris de mauvais choix (esthétiques, scénario, montage, …), mais un Scorsese quand même, c'est-à-dire avec quelques plans géniaux et un minimum de maîtrise.
Bien sûr, étant donné que Scorsese nous avait habitué à ô combien mieux, force est de constater que c'est d'une bien pâle couleur qu'il fait briller son argent. Tout d'abord, nous regrettons la qualité du scénario, plutôt insipide, n'arrivant jamais à totalement nous faire accrocher à l'histoire dont les enjeux ne sont pas très clairs (Appât du gain? Volonté de transmission? Plaisir platonique de l'arnaque?), la maîtrise narrative qui jusqu'ici avait été la marque de fabrique du cinéaste Américain se révélant assez médiocre. Ensuite, le rythme n'est jamais trouvé et lorsque l'on sent l'excitation monter (au début du tournoi), ça retombe aussitôt après. Enfin, du point de vue esthétique, Scorsese se plante considérablement, que ce soit avec sa B.O., l'éclairage, les décors extérieurs et même intérieurs ou encore avec le traitement de l'image.
Il restera néanmoins quelques bribes de génie (celui qui traverse d'un bout à l'autre Raging Bull par exemple) avec un incroyable travelling arrière dans l'une des salles de billard, quelques magnifiques prises de vue en hauteur (en accéléré entre autres) sur le tapis, le travelling circulaire sur Eddie (Paul Newman) ou encore son incroyable reflet dans la boule. Et d'assez bons acteurs, surtout le jeune Tom Cruise qui à notre avis mérite plus de louanges qu'ailleurs, sa sale gueule d'homme encore imparfait y aidant.
Le tout demeure somme toute assez grossier, autant dans la construction que dans l'idée. Mais difficile de toucher à Scorsese.