Pour obtenir une récompense aux oscars, on le sait, il suffit de caresser le cerbère de l'intelligentsia américaine dans le sens du poil façon Ben Affleck ou Hazanavicius. Outre le fait que le réalisateur soit aussi mauvais que son scénariste, la daube que constitue ce film n'échappe pas au conformisme politique de la sélection des candidats.
En effet, l'escroquerie intellectuelle est grotesque tant elle est démesurée : présenter le film comme dépeignant un progressisme social alors qu'il ne fait que du révisionnisme historique en affirmant que la fin de la ségrégation (a-t-elle eu une fin ?), aux Etats-Unis, n'a été le fait que de la jeunesse blanche en tant que seule agitatrice de consciences, seule cultivée et toujours en quête de justice.
Les acteurs surjouent et grossissent les traits de la vision ségrégationniste du film : si l'héroïne combat noblement la ségrégation en écrivant un livre, les femmes de ménage afro-américaines luttent en faisant des blagues avec leur caca. Le film n'est qu'une énième apologie des clivages sociaux ethniques, tout droit sortie des moules de l'industrie du cinéma hollywoodien, se situant à des années lumières de la réalité des combats de Rosa Park ou de Angela Davis.
La vision machiste du film enferme la lutte sociale des femmes afro-américaines dans les carcans des cuisines de leur employé, loin de la réalité historique et de la notion d’intersectionnalité développée par les membres du Black Feminism.
Il fallait au moins ça pour tenter de consolider désespérément les fondations délabrées du rêve américain.