Constatant l'absence de toute critique sur ce film ici ou sur IMdB, et même de toute mention du film lui-même sur Rotten Tomatoes, je me suis craché dans les mains et ai décidé de livrer quelques brèves impressions sur ce titre si bien nommé.
Si bien nommé... "Ça va pas, non?" me diront ceux/celles qui l'ont vu. Je m'explique. Bien nommé, ce film, parce que son propos est aussi diaphane, sa trame dramatique, aussi éthérée, son propos, aussi évanescent, sa substance, aussi volatile, et son interprète principale, aussi insaisissable qu'un courant d'air. Mais mettons d'emblée les choses au clair: avec ce film, on est loin de la brise rafraîchissante, à des années-lumière de la rafale qui soulève l'enthousiasme, à des parsecs de l'ouragan qui chambarde le cinéma, etc. Non. Le titre, pour moi, évoquera toujours le sentiment de vide absolu de ce film d'un Pierre Granier-Deferre en sérieuse panne d'inspiration. Lui qui nous a donné tant de films d'auteur inoubliables (La veuve Couderc, La horse. Adieu poulet, etc.) avec des protagonistes de premier ordre, semble avoir stagne dans la deuxième moitié des années 1980. Juste 2 ans avant celui-ci, prenons par exemple Cours privé, avec (tiens, tiens ..) la même Élizabeth Bourgine monocorde, androgyne et inexpressive (ou "monopressive"): on en ressort à peu près aussi indifférent tant le propos et le traitement sont minces et aux limites entre la platitude et l'insignifiance.
Pourtant, "La couleur du vent" aurait pu décoller si le scénario avait eu un peu plus de substance, d'inertie (au sens physique), de mouvement, d'intensité dramatique. En dépit du surplace, de la vacuité de ce film, je n'étais pas surpris de la participation d'un Jean-Pierre Léaud, d'un Philippe Leotard, d'un Pascal Grégory, ou d'un Fabrice Lucchini: tous des acteurs versatiles ayant une propension pour le risque et le côté plus expérimental du cinéma. De tels paris de ces acteurs sur des scénarios qui sortent un peu des sentiers battus ne font pas mouche à tout coup. Et dans le cas présent, le résultat est plus que décevant.
Bourgine est une actrice qui semble toujours établir un mur entre elle et le spectateur. Peu expressive d'emblée, elle semble dans ce film envoyer promener le monde entier et se fuir elle-même, tout ça pour un écrivain outre-mer dont elle est tombée amoureuse à la simple lecture du manuscrit dont elle a la charge d'en donner un avis éclairé... Face à cet amourachement d'adolescente, ses collègues ne cessent d'en découdre avec sa bouderie incessante, et on se lasse très rapidement de cette dynamique et de cette tension ridicule à couper au couteau. Ce n'est ni intéressant, ni crédible, et franchement ennuyant comme la pluie. Je m'en voudrais de dévoiler le dénouement de cette idéalisation aussi futile que ridicule, mais ne vous attendez pas à en tomber en bas de votre chaise ou divan: c'est d'une banalité infantile.
Bref, j'aurai mis à profit tout ce temps perdu avant d'oublier ce film. Je vous plains de vouloir quand même essayer - à moins que vous soyez un inconditionnel de Bourgine (si ça se trouve) ou un complétiste de la filmographie entière de J-P Léaud (et ça, ça se trouve...).