Besson m'échappe. Comment, à ce stade-ci de sa carrière de réalisateur, avoir bousillé une chance absolument unique - un budget plus de 3 fois supérieur au plus onéreux des films français à date, d'offrir à son public une œuvre digne de son talent, qui n'est plus à démontrer? Ennuis de santé ? Troubles dans sa vie personnelle ? Je badine ici, mais le sujet est grave, quand on amène une puissante société cinématographique au bord de la faillite.
Besson aurait pu réaliser un grand Valérian. La matière de base: univers unique offrant d'immenses possibilités, la BD originale a dû faire rêver Luc toute sa vie pour avoir eu un tel attrait pour lui, et pour cause! C'est une oeuvre de génie qui est à l'origine du film.
Je veux simplement comprendre.
Le film est, pour les sens, un éblouissement constant digne techniquement des épisodes de Star Wars les plus achevés. La technologie était prête à la traduction de l'univers de la BD en langage cinématographique somptueux, excitant, exotique au cube. On n'a pas lésiné sur les moyens car on le pouvait. Bon, j'avoue que pour l'effet de surprise, on finit par se lasser des tentatives d'humour lucasien, mais globalement, j'accorde une note presque parfaite à l'aspect visuel, incluant les dits CGI et autres effets spatiaux...
Comment en suis-je arrivé à accorder une note aussi lamentable alors ? Parce qu'un monde en SF, ça ne se crée pas qu'avec des devantures de saloons et de banques, comme les décors de villages western à Hollywood. Ni avec un contenant rutilant sans une solide intrigue et, éléments capitaux, un jeu des acteurs pétillant, hilarant ou émouvant, ainsi que des interprètes dignes de ce nom donnant vie à des protagonistes auxquels on pourra s'accrocher et trouver un intérêt minimal à toutes les scènes bizarroïdes où se déroule une intrigue plus ou moins bien ficelée. Or, Cara Delevingne est une superbe femme (un "eye candy" comme disent si bien les Anglo-Saxons) qui saisit l'attention à tout moment, mais dont aucune émotion contagieuse ne nous parvient, comme si un mur l'en empêchait. Quant à Dane DeHaan.... Retenez-moi, quelqu'un, SVP! Une souche trouvée sur la grève dégage cent fois plus d'émotions que ce gars à la gueule d'éternel ado dont le ton de voix me donne une poussée d'urticaire à chaque borborygme qu'il émet (je dois préciser que c'est la version originale que j'ai vue, alors je me réfère à la voix véritable de l'acteur). Quand les deux protagonistes centraux que l'on voit pendant tout le film nous déconcentrent et nous distraient du propos pendant toute sa durée (considérable) par leur incapacité d'acteur, on parle d'un problème de casting MA-JEUR. Bref, je crois que le hic qui a coûté si cher à la réputation de Besson maintenant peut se ramener à une sélection désastreuse des interprètes dans les rôles principaux. Pas une mince affaire...
En somme, une expérience cinématographique éprouvante, mais surtout, une déception qui éclipse, et annule tous les aspects positifs de cette expérience.
P.S.: j'adore Herbie Hancock comme jazzman. Que venait-il faire au juste dans un film de Besson? En tout cas, il est l'un des plus potables, et ce n'est même pas sa spécialité !