Cage thoracique
Finalement, quoi de plus logique que la planète Nicolas Cage pénètre l'univers de H.P. Lovecraft ? On peut même se poser la question: comment la chose n'est pas arrivée avant ? Mais oui: Cage. Cage...
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le 13 avr. 2020
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Nic Cage a la filmo bien remplie depuis quelques années, grâce à toutes ces séries B qu'il accepte de faire avec de jeunes réalisateurs. Faut pas croire qu'il ne fait que de la merde, régulièrement il participe à un petit film pas forcément exempte de défaut mais assez sympatoche : Spider-Man : New Generation (2018 - même s'il avait un rôle secondaire, ça reste un film qui a bien marché et qui est bien foutu), Mandy (2018 - j'avais pas aimé mais bon), Dog eat dog (2016), The Trust (2016), Joe (2013), The Croods (2013 - pas vu mais ça a bien cartonné il me semble), Hell Driver (2011), Kick Ass (2010 - pas aimé mais bon), Bad Lieutenant (2009), ... je m'arrête là. On constate donc qu'il parvient à jouer dans des films qui rapportent, il est donc toujours bankable (ce qui justifierait un Benjamin Gates 3) mais aussi dans des petites productions qui ne sont pas très exposées au grand public mais qui restent franchement sympa. Et même dans ses moins bons films, on trouve quelques bonnes idées, comme ce Sorcerer's apprentice, Frozen Ground, Dying of the light (d'ailleurs on parle de plus en plus de la director's cut 'Dark' qui devrait être géniale) , USS indianapolis, Army of One, Kill Chain, ...
Ces dernières années, les fans auront frémis à l'écoute de deux pitchs, ceux de Mom and Dad et de Primal ; des projets 'fous' à en croire le résumé d'une ligne, assez fous pour exploiter la folie de Nic Cage qui tente dans chacun de ses films de laisser son jeu survolter la mise en scène. Hélas, ces films furent décevants, l'un comme l'autre manquaient de radicalité dans le traitement de l'idée (surtout Primal). Et bien à ceux qui furent déçus de ces deux films, ils auront le plaisir de prendre leur pied avec ce Color out of space qui est sorti assez discrètement alors qu'il représente également le grand retour de Richard Stanley, exilé d'Hollywood depuis son cuisant échec de L'ile du Docteur Moreau. Un retour triomphant puisqu'il paraîtrait que la société de Elijah Wood lui aurait commandé deux autres adaptations de Lovecraft, et que le réalisateur en est tout content puisqu'il avait la volonté de créer une trilogie cohérente (chaque film nous amenant plus loin dans la destruction de notre planète/humanité).
L'intrigue est très bonne : c'est un peu celle d'une maison hantée avec des phénomènes bizarres, des personnages qui agissent bizarrement et des gens qui meurent atrocement. Ce film est assez dingue car il est violent et radical, cette pauvre famille s'en prend vraiment plein la tronche, et il n'y a même pas de morale derrière tout ça, les personnages n'ont rien fait pour mériter tout ça. Malgré l'exploitation de forces paranormales déroutantes, on n'a pas l'impression d'être face à des mali ex machina ; de même on ne suppose pas les personnages comme étant trop cons, on peut comprendre pourquoi ils restent dans cette maison malgré tous ces événements. Les personnages sont bien écrits ; ça aurait pu aller plus loin, notamment dans la caractérisation des enfants, mais ça reste suffisant pour offrir du spectacle, pour rendre chaque scène plus unique puisqu'exploitant les personnages. Les dialogues sont très bien écrits aussi, on trouve de l'humour, des choses un peu glauques, inattendues, mais aussi un certain naturel, une familiarité qui nous renvoie vers notre propre famille.
La mise en scène fonctionne bien. Le budget était limité, mais ça n'a pas empêché Richard de montrer qu'avec de l'argent bien placé, on peut faire de bonnes choses. Ainsi, l'image est très jolie, les jeux de couleurs sont très plaisants. Le décor simple (qui permet ainsi de limiter les coûts) est très bien exploité, le chef op' a ainsi pu se faire plaisir en la filmant dans différentes ambiances. Les effets spéciaux sont très bons : un plaisir de trouver des effets old school (qui ne sont pas sans rappeler ceux de The Things, en moins poussés) et une utilisation plutôt sympa des CGI : les cieux, les 'vents', cette matière venue d'ailleurs : il ne s'agit pas de faire un truc 'réaliste' mais cohérent, c'est pourquoi ça marche si bien, les effets sont en adéquation avec la narration. La BO est plutôt efficace. Enfin, le casting est très bon ; tous les membres de la famille sont bien représentés. Evidemment, c'est surtout Cage qui a retenu mon attention, puisqu'il a l'occasion de laisser exploser sa folie comme on n'en a plus eu l'occasion depuis trop longtemps : un vrai bonheur. En plus avec du gore.
Bref, j'ai vraiment apprécié ce film. Il est généreux, comique, gore, malsain, radical, ... et puis notons aussi ce petit extrait d'un film avec Marlon Brando : est-ce pour s'excuser d'avoir entraîné la légende dans ce film maudit ou pour pouvoir dire : "j'ai fait un bon film avec Marlon Brando dedans" ? Aucune idée, mais ce qui est sûr, c'est que j'espère qu'il ne se vautrera pas pour ses deux prochains films et que je prie pour que Cage ait un rôle dedans.
PS : cette séquence dans la cuisine où Nic Cage pète un plomb sur ses tomates pendant que sa femme lui parle du Wifi qui déraille, la scène qui se termine avec Nic qui dit tout gentil 'oui chérie je vais regarder à ça', alors qu'il vient de pulvériser des tomates et des pêches dans sa poubelle. C'est un de ces moments ùagiques dont Nic Cage a le secret !
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le 26 févr. 2020
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