Cette classe d'accueil, donne l'opportunité à des enfants venant de différents pays, de se mettre à niveau, pour reprendre un cursus scolaire classique. On trouve 24 élèves de 22 nationalités différentes, allant de 11 à 15 ans, essayant de trouver leurs marques dans un pays ou il ne maîtrise pas encore la langue et la culture. Certains sont heureux d'être là, d'autres, pas vraiment. Ils ont fui un pays qui ne voulaient plus d'eux, mettant leurs vies en danger, ou pour rejoindre leurs parents déjà présents en France.
Une classe, auquel on s'attache rapidement face à ces visages souriants, mais parfois dur. On va apprendre à connaitre la plupart d'entre eux, à vibrer avec eux, au rythme de leurs rires, mais aussi de leurs larmes. On va découvrir des personnalités aussi différentes, qu'intéressantes. Il y a de la vie dans cette classe, dans leurs mots et surtout, dans leurs rêves. Julie Bertuccelli colle sa caméra à leurs visages, ce qui donne un sentiment d'immersion, en nous mettant au plus près d'eux. L'enseignante principale est invisible au début, elle fait plus office de voix off, avant de prendre de l'importance et d'offrir de fortes émotions. Il y a une foule de sentiments qui se dégagent de ses images, à travers diverses situations.
En alternant les scènes dans la classe, puis celle des élèves avec leurs parents face à l'enseignante principale, après les conseils de classe, cela nous permet de mieux les cerner, de comprendre d'ou ils viennent et pourquoi ils sont là. Des enfants qui font office d'interprètes, mais aussi plus matures, en portant sur leurs frêles épaules, les espoirs de leurs parents, qui veulent les voir réussir, comme ce père émouvant, qui porte un regard rempli de fierté face à sa fille recevant les félicitations. Des enfants passant des classes, aux bureaux des services administratifs, pour aider leurs parents, qui ni ne parlent, ni ne lisent le français. Ils doivent concilier leurs études et les responsabilités, qui sont normalement incombé aux adultes. Ils ne sont pas tous dans ce cas, certains vivent chez leurs tantes ou autres. Mais ils ont tous un point commun, cela restent des enfants.
Dans un film, ou une série, il y a toujours un événement qui tente de créer une forte émotion. Le documentaire n'est pas en reste dans ce domaine et le départ d'une élève, est un véritablement déchirement pour la classe, mais aussi pour nous. On est en empathie face à chacun d'eux, on a envie de les soutenir et de les voir réussir. Il faut les voir débattre sur la religion, ou l'une d'elle est en pleine confusion, avec un père musulman et une mère chrétienne, en passant de la mosquée à l'église. Ils se posent des questions sur l'existence et sortent des vérités, que bien des adultes ont oublié avec le temps. Il y a une sincérité dans leurs mots, dans leurs regards, qui les rendent touchants et émouvants. C'est à ce moment-là que la caméra prend du recul et met plus en lumière l'ensemble de la classe, en dévoilant leurs côtés artistiques, ou se mêle le chant, le dessin et la musique. Il y a un talent brut en eux, qui ne demandent qu'à s'exprimer et qui est récompensé lors d'un festival de court-métrage. C'est une bouffée d'air frais pour eux de sortir de cette classe, de se confronter à ce monde, envers lequel, ils sont pleins d'attentes.
Nominé aux césars 2015, dans la catégorie "Meilleur documentaire", cette cour de Babel est profondément humaine, elle met du baume au cœur et donne envie d'un avenir meilleur, pour ces enfants, venant de tout horizons. L'émotion est réelle, car ils sont vrais, pas encore pervertis par les affres du temps et de la vie. On assiste à une belle leçon de vie, dont on a envie, qu'elle ne se finisse jamais, un pur moment de bonheur.