Incongrue Poésie aux Pastels Désuets
Le premier court-métrage d’Alejandro Jodorowsky est une longue danse. Le titre est anecdotique : si tout part d’un homme embêté avec son nœud de cravate, il est plus question de visage et de tête. Voire d’âme.
Devant un magasin de têtes, le jeune Jodorowsky, acteur pour l’occasion, entrant pour demander de l’aide, observe le changement d’une tête (on apprécie Raymond Devos tout jeune lui aussi), et repart avec une fleur. Il part l’offrir à une fiancée vaniteuse qui n’en veut pas et se joue de lui. Le prétendant revient alors à l’échoppe insolite et change de tête, une fois, deux fois, etc… Jamais elle ne veut de lui.
L’homme se prend la tête. Et finalement quand il retourne chercher la sienne, l’originale, la boutique a fermé et cédé sa place à un vendeur de chapeau. Le voilà qui erre, l’homme a perdu sa tête. Le nœud coulant qu’il traîne au bout de sa cravate, et le regard désespéré qu’il lui jette n’augurent rien de bon. Jusqu’à ce qu’il la retrouve, la tête, sur la cheminée de la vendeuse…
avec un nouvel amour !
Des décors de théâtre, tourné probablement sur scène, des couleurs vives et pastels, mais des couleurs et du contraste, le jeune Jodorowsky travaille sa composition et inclus d’emblée la poésie dans son œuvre. Loin d’être inoubliable, il y a quelque chose de prometteur dans l’univers esthétique particulier de cette première œuvre. De l’ordre du souci du détail, parfois incongru, souvent cher à l’artiste.
Matthieu Marsan-Bacheré