Graveyard Shift ne vaut que pour sa créature en forme de chauve-souris géante et l’affrontement ultime avec le protagoniste qu’il met en scène de façon correcte, dans ces dédales de caves inondées où grouillent les rats et manque la lumière. Car il faut bien reconnaître que le reste n’a aucune importance : de ses personnages inexistants, en particulier le héros mono-expressif et dépourvu de charisme, jusqu’à son intrigue cousue de fil blanc qui entasse les clichés du genre, le film de Ralph S. Singleton coupe l’ancrage sensible dont l’épouvante a besoin pour agir sur un spectateur privé de vecteur émotionnel ; en lieu et place, des fous grotesques et idiots qui font mumuse avec les rongeurs au point d’en faire la viande d’un hamburger. Pour rire.
Tout cela aimerait ressembler à Alien, mais n’en conserve que l’apparence : soit une traque dans des tunnels plongés dans le noir contre un monstre qui se déplace d’une bien curieuse manière, tantôt comme un gros animal tantôt comme un homme. Les plans furtifs effectués sur son corps échouent à engendrer un sentiment de peur : nous aurions aimé le voir et l’avoir plus longtemps, et non lors de flashs qu’un montage rend illisibles. Voilà un film lourdingue et inconsistant qui non seulement n’impose aucune vision de l’horreur mais aplatit la nouvelle de Stephen King dont il propose l’adaptation. Un long métrage oubliable et oublié.