Au début des années 80, les adaptations de comics américains au cinéma ne sont pas légion et, à part Superman et Batman, peu de super-héros ont pu franchir la porte du grand écran. Et s'il n'en est pas un à proprement parler, la Créature du Marais appartient tout de même à l'écurie DC Comics, sorti quelques années plus tôt sous les plumes de Len Wein et Bernie Wrightsonet. C'est Wes Craven qui met en scène son passage au cinéma avec un petit budget de 2,5 millions de dollars. Avec tout ce pognon, il peut s'offrir quelques noms connus comme Adrienne Barbeau, Louis Jourdan et Don Knight, mettre en scène des cascades et des explosions et proposer un film fantastique musclé pour la fin de l'hiver 1982.
Sauf que La Créature du Marais fait un bon gros flop, se remboursant à peine malgré quelques bonnes critiques. Il faut dire que l'adaptation, aussi fidèle soit-elle, manque cruellement de crédibilité et s'apparente plus à un nanar qu'à un long-métrage marquant avec ses transitions saugrenues, ses seconds rôles amateurs, sa mise en scène bordélique et surtout ses costumes de Mardis Gras d'un goût douteux. Car si dans la forme la Créature s'avère fidèle à son modèle de papier, quoiqu'un peu moins bodybuildée, elle manque de réalisme à l'écran, de texture marécageuse dégoulinante, de vie en somme. Rassurez-vous, ce n'est rien comparé au big boss de fin, dont l'accoutrement a sûrement été créé à l'arrache dans l'après-midi.
Fans de nanars désopilants de nullité, ne vous privez pas de cette mésaventure généreuse en mauvais acting, en plans nichons gratuits, en répliques débiles (saupoudrées d'une VF aux petits oignons) et en affrontements mano a mano entre deux Craignos Monsters d'une rare délicatesse, vous ne serez pas déçus. Fans de Wes Craven, n'attendez aucun frisson, aucune illumination de mise en scène ou quelconque éclair de génie, La Créature du Marais ne vaut en soi pas un pet de lapin.