Cette gentille satire sociale est profondément ancrée dans son époque. Aussi pertinente soit-elle, elle a, presque trente ans plus tard, forcément perdu de son impact et reste donc un témoignage sympathique mais pas davantage. Avec son message très moralisateur, elle perd en effet son trait mordant et parfois cynique. Surtout, avec sa galerie de personnages tous très sympathiques mais affreusement caricaturaux, elle s’apparente davantage à une fable qu’à une véritable comédie.
Si elle a vieilli sur le fond (ce qui, en soi, n’est pas un souci), la forme est complètement démodée. Le rythme n’est pas en cause (même si les échos entre la cacophonie du début et le silence de la deuxième partie du film sont lourdement mis en avant), mais la photographie est vraiment hideuse. Outre son style 80-90 très daté, la saturation du « orange » est une énigme. Elle apporte une tonalité en total décalage avec son propos et elle est franchement horrible.
Pas déplaisant, avec quelques bonnes scènes (l’envolée lyrique de Maria Pâcome, notamment), quelques sourires, des acteurs plutôt convaincants, le film se laisse toujours regarder. Il pose cependant question sur des changements de ton pas toujours heureux, l’évolution étrange de certains de ses drôles de personnages (Patrick Timsit en tête dont le lien avec Vincent Lindon paraît vraiment grotesque), la disparition de certains autres et une fin pour le moins brutale.