Les dix premières minutes fonctionnent bien, quand le film n’est pas encore entièrement dans la fable écologique. Il s’agit plutôt d’en faire un comique de situation faisant entrer en collision deux mondes, celui des petits et celui des grands, mais à l’échelle d’un foyer, d’un garçon de treize ans face à ses parents.
Abel, Marianne et leur fils Joseph, vivent à Paris. Leur vie quotidienne est bouleversée quand les parents découvrent que Joseph a secrètement vendu des objets de valeur afin de financer un mystérieux projet écologique que lui, ses amis et de nombreux enfants du reste du monde ont en Afrique.
La découverte de cette vente de biens de luxe (montres, chaussures, bouteilles etc…) – « que vous utilisez pas car ça prend la poussière » dit Joseph – occasionne une autocritique (Casta & Garrel sont en couple en vrai et je me suis demandé s’ils tournaient pas chez eux, dans ce gigantesque appartement parisien) assez féroce et savoureuse de la bourgeoisie et de la surconsommation.
Il y a un vrai sens comique qui couve chez Garrel, qu’il poussera plus loin encore dans L’innocent, mais qui demande à exploser davantage un peu comme chez Salvadori : D’ailleurs, si L’innocent rappelle un peu (tout ce que je déteste de) En liberté, La croisade m’évoque vite fait (ce que j’adore dans) La petite bande.
Dommage que le film manque un peu de folie, d’ambition, de déploiement. De comique absurde aussi : Pourquoi ne pas rire de ces choix de prénom (Abel, Marianne, Joseph…) et de titre (La Croisade) ? Dommage que la suite ne soit pas à la hauteur de son ouverture, aussi. C’est un film qui respire trop la pandémie et qui l’intègre un peu maladroitement dans le récit : une alerte aux particules fines plonge le pays dans un couvre-feu général et le port du masque FFP2. Garrel n’est pas les Larrieu : Entre La croisade et Les derniers jours du monde, il y a un monde.