Avant-première au Festival de Cannes, Louis Garrel et Laetitia Casta, couple heureux à la vie comme dans le film, reçoivent dix minutes d'applaudissements chaleureux en fin de séance, mais dès que l'on sort de la salle, ces mêmes centaines de gens dithyrambiques deux secondes plus tôt font à présent résonner les nombreux escaliers de critiques acerbes, et sur le parvis, les discussions entre spectateurs descendent en flèche le film et son réalisateur. On est assez peu friands de ce genre "d'ovation par politesse"... Pour notre part, on n'a pas détesté ce La Croisade principalement grâce à son discours écolo très fort, tourné vers la nouvelle génération (on sent que le petit Azel que le couple a vu naître en pleine pandémie quelques mois plus tôt y est pour quelque chose... Vraiment, un combat très sincère), et avec sa note d'humour agréable au début du film (quand les enfants vendent les objets de luxe des parents, et que ces derniers ne le remarquent même pas : un uppercut dans les dents pour la société de surconsommation). Cependant, on ne pourra pas défendre le film sur sa réalisation brouillonne (même pour un "premier"), sur son discours tellement enflammé qu'il dérape par moments et en devient incohérent (les gamins qui piquent une crise pour une petite lampe allumée, mais branchent et tournent le volume de la chaîne Hi-Fi à fond ? Sérieusement ?), jusqu'au final qui part un peu à l'Ouest avec sa congrégation d'enfants qui veulent déplacer les océans...
et y arrivent
. On préfère mettre cela sur le compte de l'utopie idéaliste (un rêve) plutôt que de commencer à lister toutes les impossibilités que cette fin suppose (notre crayon y passerait complètement). La durée ultra-courte du film (1h07) permet à Louis Garrel de faire son "premier" avec un discours qu'on retient à coup sûr, même s'il est très maladroit, il reste vraiment sincère. On lui souhaite à l'avenir de tomber sur des publics aussi honnêtes que son film.