Humphrey Bogart, Aldo Ray et Peter Ustinov brillent comme jamais dans cette comédie, à l'humour noir mais irrésistible.
Sur Devil's Island (Guyane), à la veille de Noel, 3 bagnards (et leur serpent tueur domestique) s'évadent et se retrouvent à errer dans les rues avant de pouvoir attraper le bateau. Sur un malentendu et pour se cacher en attendant, ils se retrouvent à travailler dans la boutique de la famille Ducotel ( Leo G Carroll, Joan Bennett et Gloria Talbott)
Les Docutel sont aussi bons que nos bagnards sont "mauvais". M et Mme D sont gentils, amoureux, bons, généreux et leur fille est charmante, gentille, douce. Bref, ils sont quasiment parfaits. Tellement parfaits qu'ils sont de mauvais commerçants et leur riche cousin arrive en ce soir de réveillon pour leur demander des comptes, sûr qu'il est que Ducotel le vole.
Nos 3 bagnards, pas mauvais bougres mais expéditifs, s'étant pris d'affection pour la famille décident de leur rendre service à leur manière ..... Entre un faussaire, un spécialiste des serrures et un meurtrier (potentiellement violeur, ce n'est jamais vraiment clarifié), ils vont bien trouver une solution, qui n'est pas toujours de la plus grande moralité, tout ça au nez et à la barbe de leurs employeurs d'un jour qui sentent bien que quelque chose cloche mais n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Mme Ducotel saisie beaucoup plus de choses que son nigaud de mari mais elle est loin de saisir l'ampleur des dégâts.
Voilà un film adorable, charmant et drôle qui réconcilie bizarrement avec l'humanité. Le film illustre à la perfection l'adage "les voies du seigneur sont impénétrables". Nos gentils Ducotel ont enfin ce qu'il méritent et les méchants cousins aussi, tout ça par des moyens peu catholiques en ce soir de Noël mais qu'importe. On est bien content qu'Adolphe le petit serpent serviable se trimballe en liberté pour faire le nettoyage.
La mise en scène est un peu emprunté car très théâtrale (l'oeuvre d'origine est une pièce de théâtre et l'unité de lieu fonctionne d'ailleurs très bien) mais les acteurs ont un tel dynamisme que cela ne plombe pas du tout le rythme.
Tout cela monté comme un vaudeville, les répliques fusent, les portes claquent, les femmes s'évanouissent et les messieurs les rattrapent in extremis. Le tout recouvert de poésie et de tendresse.