Trois bagnards fraichement évadés, et leur copain Adolphe le serpent, sont retenus sur l'île du Diable, cette veille de Noël 1885, faute de pouvoir gagner le bateau à vapeur qui mouille au large de l'île à cause de sa mise en quarantaine. Joseph, le faussaire et cerveau du groupe, et ses deux acolytes Albert et Jules, respectivement meurtrier et perceur de coffres (ouvreur serait plus exact), décident de profiter de cette nuit caniculaire et festive pour se refaire la cerise et glaner leur précieux sésame pour la métropole. Ils parviennent ainsi à se faire embaucher comme couvreurs dans le commerce du coin avec dans l'idée de chaparder, la nuit venue, tout le matériel nécessaire à l'élaboration de leur nouvelle identité. Son gérant, Felix Ducotel, un homme brave, exquis et exagérément serviable qui pourrait se voir affublé de l'expression de "bonne poire", est logiquement et régulièrement abusé par ses contemporains depuis son installation, comme ses comptes semblent l'indiquer. Sa femme, résignée depuis longtemps devant le comportement naïf de son époux, et sa fille, amoureuse d'un imbécile parisien aux dents longues nommé Paul, vivent avec lui dans la plantation adjacente au magasin. Pour couronner le tout, son cousin André, richissime propriétaire guindé de plusieurs commerces dont le sien, et son neveu et héritier Paul (LE Paul en question) sont justement sur l'île du Diable pour vérifier l'état des comptes. Contre toute attente, les trois évadés vont braver leur condition de hors-la-loi et porter secours à la famille Ducotel.
Bogart et Curtiz c'est une association fructueuse de l'Histoire du cinéma (on pense directement à Casablanca) qui ne m'a pourtant jamais convaincu (je pense directement à Casablanca), à part dans les années 30. L'association Bogart-Walsh s'était autre chose quand même. Bref, pour la seconde fois devant la caméra du natif de Budapest, Bogey est un bagnard qui cherche à regagner la métropole. Cette fois pourtant il n'y arrivera pas. Et tant mieux. Car là où Passage to Marseille se prenait péniblement au sérieux, We're No Angels joue la carte de la comédie à fond et ça marche. On rit de bon cœur. Le contre-emploi de Bogart y est évidemment pour beaucoup (mais le monstre qu'il était savait s'adapter à tout), tout comme son association avec le Chet Keefer de Cukor (The Marrying Kind) et le Néron de Le Roy (Quo Vadis), respectivement Aldo Ray et Peter Ustinov. Les répliques fusent, les situations burlesques s'enchaînent et l'immoralité finit par l'emporter! Très drôle et enlevé.