Est-il un exercice plus difficile pour un acteur que de soutenir un monologue où intonation vocale et expression faciale doivent s'accorder pour donner une crédibilité à la démonstration ? Grosse mise que le monologue.
Réussi, il contribue au charisme de l'orateur et à la prestance de l'œuvre, stimulant parfois même l'épiderme du spectateur.
Manqué, il casse l'éventuel rythme et amène le surjeu, le ridicule, voire la gêne.
Et... c'est raté.
Force est de constater que Freya Mavor manque le coche à ce niveau là, on aimerait trouver chez les autres personnages quelque talent apte à compenser cela. Mais voilà, pour compléter le duo de tête, c'est un Benjamin Biolay au regard vide qui a été choisi, autant dire qu'il faudra compenser autrement.
Face à un casting qui traine la patte, on ne peut qu'être plus sensible et plus irrité à la vue du manque de finesse dont fait preuve Joann Sfar lorsqu'il présente par exemple sa Dame, cou caché, croix au cou, air outré, froussarde et moquée par ses amies (elles aussi des stéréotypes), bravo, vous l'aurez deviné, la Dame dans l'auto est une sainte nitouche.
Le tableau est donc bien sombre durant la première heure si l'on omet une bande originale bien composée, une sublime Thunderbird et quelques bonnes idées de montage.
Arrive alors ce qui sauve le film, les trente minutes précédant une conclusion qui n'a pas lieu d'être durant lesquelles une sorte de descente aux enfers vient s'accoler au roadtrip, la musique devient plus électronique et des filtres apparaissent. Joann Sfar s'illustre en plus avec quelques plans en décors naturels très réussis notamment lors de la scène des rapides.
Le plus triste dans l'histoire, c'est de s'être donné tant de mal pour mettre en valeur Freya Mavor en conjuguant un vêtement court avec des objets posés un peu trop bas et un vent un peu trop fort pour que le spectateur ressorte finalement de La Dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil en ayant l'impression que l'auto a plus apporté au récit que la Dame...