Etonnant de voir un film russe d'avant la révolution de 1917.
Protazanov adapte sagement un gros classique de Pouchkine et s'en tire avec les honneurs malgré l'héritage théâtral mal dégrossi qui statufie sa mise en scène dans un hiératisme de prime abord assez repoussant.
Vaut mieux pas s'attendre à du montage à la Eisenstein, mais bizarrement c'est par cette rigidité empesée que le film gagne son étrangeté.
Dès les premières images et durant tout le film, Protazanov paralyse son personnage au premier plan, le regard stupéfait dans le vague dans de (très) longs plans fixes. Le fond de champ vide ou agité, menace alors sans cesse de se hanter de ses démons intérieurs (ce qui arrive progressivement à coup de surimpressions). Le regard cerné de noir, figé dans son obsession, l'espace devient alors de turbulences en vide spectral, l'expression de sa folie en devenir.
C'est peut être là finalement que le film est doucement révolutionnaire, dans sa manière de statufier sa bourgeoisie dans un appétit qui la décompose de l'intérieur.
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