Screw the looking glass
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Le film eut en son temps un petit succès de scandale : Orson Welles y avait fait couper la célèbre chevelure rousse (symbole de glamour) de Rita Hayworth alors sa femme, et l'avait fait teindre en blonde pour en faire une femme fatale diabolique. Un mythe s'effondrait. Est-ce parce qu'il lui en voulut d'avoir défiguré sa vedette que Harry Cohn le patron de la Columbia tripatouilla le film et le bloqua 1 an ? La bonne chose, c'est qu'on découvrit en Rita une bonne actrice, bouleversante de réserve, et sa beauté restait intacte même avec d'autres cheveux, rien que ce rôle ferait oublier toutes les bluettes insipides qu'elle a pu tourner où son talent d'actrice était assoupi. Derrière un scénario mal construit et surtout inutilement compliqué, Orson Welles parvient à créer une atmosphère sulfureuse où le mal règne et où le héros désabusé vit sans illusions ; l'histoire est en effet incompréhensible et bourrée de fausses pistes comme dans tout bon film noir qui se respecte. C'est un polar baroque, dur, troublant, fascinant, où Welles distille les éléments d'une tragédie superbe, à l'aide d'une caméra incroyablement mobile et de cadrages virtuoses. Les scènes d'anthologie ont fait rêver plus d'un cinéphile : les langueurs torrides d'une croisière en yacht, la scène d'amour dans un aquarium où les amants s'embrassent devant des requins, et surtout la séquence finale dans le parc d'attraction chinois au coeur d'un labyrinthe de miroirs... Un exercice de style vertigineux et déconcertant.
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Créée
le 8 sept. 2016
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