Screw the looking glass
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Curieux film, à propos duquel je ne prétends à aucune objectivité. Il est tourné par un des meilleurs acteurs réalisateurs, avec la plus belle femme du Hollywood des années 1940. Ils étaient profondément amoureux, et ça se voit. Lui était la révélation que Hollywood adulait et craignait. En cours de tournage, il décide de subvertir les règles hollywoodiennes de la réalisation. Il le paiera tout au long de sa vie. Ajoutez à cela qu'à titre personnel, ce film fut une de mes premières émotions cinéphiliques à l'époque où étudiant, je découvrais Paris : difficile, en ayant tout cela à l'esprit, de juger objectivement d'un tel film. Lorsque je le revois, je retrouve un ami, des souvenirs.
On pourrait écrire des livres sur ce film, mais je ne prétends pas le faire. Je ne vais même pas résumer l'intrigue, médiocre, et étrange, qui fait penser à un mauvais livre hard-boiled en comic strip. Je vais juste noter quelques remarques au cours de ce revisionnage.
Il n'y a pas de qualificatif assez fort pour décrire Rita Hayworth dans ce film.
Une réalisation et un montage très heurtés : les personnages se parlent par phrases courtes, pleines de sous-entendus, et sont souvent interrompus : le débit est comme syncopé. Et ils ne se parlent que rarement immobiles : dans la première partie, ils sont presque toujours en mouvement, avec une caméra qui distord les perspectives.
Paradoxalement, le décor exotique du début (Mexique, plage et jungle) est traité exactement comme tel : un pur décor. Le personnage de Grisby est complétement absurde et incohérent.
Les éclairages sont une pure merveille.
La caméra est tantôt d'une incroyable fluidité (la scène de l'aquarium, la scène où la voiture arrive sur le lieu du crime), tantôt assez heurtée. On retrouve déjà ce côté monté à la diable qui deviendra la marque des films de Welles.
Vers 1 h 09, il y a un flic qui s'appelle McNulty, comme dans The wire.
A noter une virée dans le Chinatown de San Francisco, avec des rôles secondaires asiatiques qui n'ont rien de stéréotypé.
Cette bonne vieille séquence finale. Surréaliste. Brillant. Classique. J'aurai du mal à dire dessus quelque chose qui n'ait déjà été dit, et mieux. Et dire qu'une grande partie a été amputée, le film d'origine devant faire 2 h 30. Je ne sais pas ce que je donnerais pour voir la version d'origine.
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Créée
le 7 oct. 2017
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