La maudite
On retrouve dans ce film de ses débuts des moments de génie de ce dont sera capable plus tard Ophüls, comme dans La ronde ou Le plaisir par exemple. Cependant, le scénario, plutôt bâclé, s’essouffle...
Par
le 10 mars 2022
1 j'aime
5
L'unique incursion de Max Ophüls dans la production italienne est en grande partie liée à sa volonté d'échapper à la menace nazie de son Allemagne natale (chose un peu étonnante donc, que d'aller se réfugier chez les fascistes, m'enfin bon). Dans le sillon du mélodrame ayant pour figure centrale une femme, c'est vrai que La signora di tutti évoque une sorte d'ascendant de Lola Montès qu'il réalisera presque 20 ans plus tard, l'histoire d'un drame au travers des rencontres d'une vie toute entière. Mais ici, personnellement je n'ai pas ressenti la délicatesse tragique de, par exemple, Letter from an Unknown Woman : au contraire, à part quelques belles fulgurances, la charge sentimentale m'est apparue quelque peu poussive.
Rien à redire au sujet de l'introduction : excellente entrée en matière, avec la discussion entre deux hommes au sujet d'une femme absente, le parcours de l'un d'entre eux à travers un plateau de cinéma pour aller retrouver cette personne, et la découverte du drame, il tombe sur une tentative de suicide. Allongée sur la table opératoire où les chirurgiens vont tenter de la ranimer, à moitié consciente, la descente de l'arrivée de gaz pour l'anesthésie enclenche une série de flashbacks qui constituera l'intégralité du récit — avant une conclusion de quelques instants, de retour au temps présent, pour un final qui, disons, enfonce le clou du tragique. Très belle image cela étant dit de l'impression de l'affiche du film (dans le film) qui s'arrête brutalement, mettant les machines à l'arrêt en même temps que la tragédie se noue.
La construction du personnage dans toutes ses douleurs presque paradoxales est pourtant très belle : elle aborde de front la thématique de la solitude qui peut se cacher derrière le vernis faussement réparateur de la célébrité. Car si Gaby Doriot a tenté de se suicider, c'est bien parce qu'elle aura été privée toute sa vie d'un amour authentique, loin des aventures superficielles et des scandales qui ont rythmé les apparences. Le mélodrame est malgré tout un peu trop chargé à mon goût, le scénario donne l'impression de s'essouffler assez vite et de s'enliser dans les environs de son objectif. On voit poindre un questionnement autour de sa responsabilité dans cette solitude, plusieurs conceptions s'opposent ("elle était victime" contre "elle l'a un peu cherché" pour le résumer brutalement), mais je n'ai pas totalement plongé dans le portrait de cette femme maudite. Isa Miranda est en revanche vraiment incroyable, une cousine italienne de Dietrich et Garbo.
https://www.je-mattarde.com/index.php?post/La-Dame-de-tout-le-monde-de-Max-Ophuls-1934
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Mon cinéma italien, Réalisateurs de choix - Max Ophüls, Top films 1934, Mes romances et Cinéphilie obsessionnelle — 2023
Créée
le 4 déc. 2023
Critique lue 12 fois
1 j'aime
D'autres avis sur La Dame de tout le monde
On retrouve dans ce film de ses débuts des moments de génie de ce dont sera capable plus tard Ophüls, comme dans La ronde ou Le plaisir par exemple. Cependant, le scénario, plutôt bâclé, s’essouffle...
Par
le 10 mars 2022
1 j'aime
5
Après son départ d'Allemagne en 33, Ophüls tourne une poignée de films mineurs en France avant une parenthèse italienne avec La dame de tout le monde. Un mélodrame brillantissime, et pourtant très...
le 6 nov. 2019
Du même critique
Ceci n'est pas vraiment une critique, mais je n'ai pas trouvé le bouton "Écrire la chronique d'une désillusion" sur SC. Une question me hante depuis que les lumières se sont rallumées. Comment...
Par
le 20 juil. 2014
144 j'aime
54
"Birdman", le film sur cet acteur en pleine rédemption à Broadway, des années après la gloire du super-héros qu'il incarnait, n'est pas si mal. Il ose, il expérimente, il questionne, pas toujours...
Par
le 10 janv. 2015
140 j'aime
21
Her est un film américain réalisé par Spike Jonze, sorti aux États-Unis en 2013 et prévu en France pour le 19 mars 2014. Plutôt que de définir cette œuvre comme une "comédie de science-fiction", je...
Par
le 8 mars 2014
125 j'aime
11