"Walter, you're wonderful, in a loathsome sort of way !"
Arrivant dans les locaux du journal de Walter Burns, son ex-mari, Hildy, brillante journaliste, vient lui annoncer qu'elle épouse un autre homme. Burns fera tout pour la retenir...
Seconde adaptation de la pièce de Ben Hecht "The Front Page", "His girl friday" permet à Howard Hawks de s'amuser comme un petit fou et ce, de manières régulièrement contagieuses. Il se moque et égratigne tout le monde, de la presse cherchant le sensationnalisme avant toute chose aux politiques ne pensant qu'à se faire réélire et ce par n'importe quel moyen en passant par le mariage ou la nature humaine dans son ensemble et ce avec brio, sans concessions et finesse !
Bénéficiant d'une excellente qualité d'écriture, que ce soit au niveau du scénario mais surtout vis-à-vis des dialogues et des personnages, il joue à nouveau sur les rapports homme-femme. Il met un Cary Grant (fabuleux, une fois de plus !) cynique, charmeur et impitoyable, dont chaque expression ou geste est un régal, face à une belle Rosalind Russell déterminée et bien décidée à ne pas se laisser embrigader par son ex-mari. Il n'en oublie pas les seconds rôles à l'image du condamné à mort mais s'intéresse surtout à ces deux personnages, dont les rapports sont piquants à souhait !
C'est très plaisant à suivre, sans faute de rythme ou d'écriture, les dialogues sont vifs et s’enchaînent avec fluidité. Hawks joue bien avec les différents lieux (il y en a peu) et ses critiques font mouche, notamment celle envers la presse. Hawks déborde d'idées à l'image de la façon dont il met cette femme forte dans ce monde d'homme et dans l'ensemble, il les exploite bien et sans lourdeur. Le film est assez énergétique, sans commettre de fautes de rythmes (dans un sens comme dans l'autre) et l'intensité mise en place dès les premières secondes ne redescend jamais.
À nouveau, Hawks montre à quel point il maîtrisait l'art de la screwball comedy et on retrouve dans "His girl friday" certains de ses thèmes de prédilection, traités avec humour et pertinence et c'est un vrai bonheur, surtout lorsque c'est emmené par un fabuleux Cary Grant !
À noter que Billy Wilder adaptera d'une façon bien différente (il remplace le couple d'ex-marié par un patron de presse et un journaliste qui souhaite quitter ce métier) cette même pièce pour un très bon résultat avec Jack Lemmon et Walter Matthau sous le nom de "Spéciale Première".