Le studio Hammer a fournit durant son époque de gloire (années 50/70 environ) des petits bijoux de l'horreur, souvent kitch mais toujours frissonnants.
Les Draculas avec Christopher Lee, les Frankensteins avec Peter Cushing, tous les grands monstres classiques y passent avec bonheur.
Son déclin a été une perte pour le paysage cinématographique, à mon avis.
On le croyait mort mais voilà qu'apparait discrètement cette Dame en Noir en 2012 (même si d'autres sont sortis en avant sans le succès critique ce celui-ci et je l'avoue il ne m'ont rien dit ), tellement discrètement que le film n'est pas sorti dans le multiplexe près de chez moi.
J'ai fini par le voir et je ne suis pas déçue.
Hammer reprend ses anciens codes et les met au goût du jour.
Dans une ambiance bien grise et brumeuse, cette Dame en Noir hante un manoir uniquement accessible à marrée basse (c'est tellement anglais cette idée, c'est brillant). Un jeune notaire en pleine dépression après la mort de sa femme, est envoyé pour clôturer la succession de la propriétaire de la dite maison. Il est sur le point de se faire virer car son état psychologique nuit à son travail ce qui explique son obstination à gérer cette affaire jusqu'au bout malgré les avertissements, les évènements étranges et tragiques.
Sa présence réveille la Dame en Noir qui vient "chercher" des enfants.
Superstition? Malédiction? Réalité? Fruit de son esprit affaibli?
Dans la plus pure tradition, le village reculé pullule d'histoires sombres et de secrets inavouables, l'étranger est regardé comme une menace, un notable plus éduqué lui ouvre sa maison et rationalise la situation, ignorant au passage la manifeste aliénation mentale de son épouse (ou bien est-elle la seule qui soit lucide?).
Cette Dame en Noir repose sur des bases classiques: les ombres, les enfants, la figure maternelle, l'état mental ébranlé et ça marche!
Le film a réussit à me faire sursauter 1 ou 2 fois et je n'étais pas très à l'aise le reste du temps.
L'ambiance est visqueuse et poisseuse, bien lourde et les acteurs sont excellents.
Daniel Radcliffe joue avec subtilité Arthur Kipps, un jeune homme dévasté par le deuil à qui il ne reste plus que son très jeune fils pour le raccrocher au monde. Cette femme qui enlève des enfants pour les tuer trouve une résonance logique en lui et son enquête est en partie introspective.
Il est accompagné par le très compétent Cirian Hinds en homme de logique dépassé par le chagrin de sa femme. Il est impeccable dans le rôle de soutien et surtout de témoin.
Les effets spéciaux sont très honorables car le film ne repose par sur les grands débordements mais sur l'ambiance, les ombres, de petites choses.
Une vrai bonne production d'horreur à la fois moderne et classique, à la fin déconcertante.