Pourtant j'avais envie de l'aimer ce film. La bande-annonce m'avait semblé plutôt alléchante, j'aime bien les histoires de fantômes, et puis je me disais que ce serait plus sympa de voir Daniel Radcliffe devenir Harrison Ford plutôt que Mark Hamill.
Alors, en apparence, c'est assez réussi. L'ambiance est là. Rien de très original, mais tous les ingrédients sont réunis : un cadre vintage bien glauque, le brouillard omniprésent, les villageois terrifés par une légende locale... Le personnage de Radcliffe est lui-même habité par d'anciennes blessures qui reviennent le hanter. La vielle bicoque pleine de peintures, de miroirs, de portes dérobées et de grincements, le parc perpétuellement grisâtre et rempli de tombes et statues diverses, ainsi que les effets sonores... Tout ça contribue à créer une ambiance malsaine, et de ce côté-là, le film est plutôt une réussite. La photographie, la lumière, les décors sont superbes, et on ne peut que se réjouir qu'un tel soin soit apporté pour un film de petite envergure comme celui-ci.
Le problème, c'est que le reste ne suit pas du tout. Radcliffe n'est encore pas trop mauvais, et on arrive assez bien à sentir la peur sur son visage, et à ne pas trop reconnaitre Harry Potter. Par contre, l'histoire du film est juste nulle. Un notaire doit aller dans une maison régler de la paperasse, mais -pas de chance- la maison est pleine de fantômes farceurs. Après un premier test où il a déjà pu voir des apparitions pas bien nettes, il décide de retenter le coup et de passer la nuit dans la maison. WTF mec ? Il y a des putain de fantômes qui tuent les enfants, et toi tu vas passer la nuit là-bas, tout seul ? Ouais tu mérites un peu ce qui va t'arriver en fait... S'ensuit alors la séquence la plus chiante de l'histoire du cinéma, qu'on peut résumer ainsi : Kipps entend un bruit, va voir ce qu'il y a, voit une apparition très nettement (en général c'est super subtil du genre : une fan de Marilyn Manson qui lui hurle au visage), et puis ça recommence. Pendant 40 minutes. Youpi.
À la fin, Kipps trouve le moyen de conjurer la malédiction, ce qui entraîne une séquence assez longue et ridicule, tout ça pour que ça n'ait finalement servi à rien. Plutôt que d'accepter la perte de sa femme et se consacrer pleinement à sa tête à claques (ce qui, à défaut d'être original, aurait eu tout son sens en termes de storytelling), tout ce petit monde meurt et se retrouve réuni dans un "happy end" pour le moins étrange. Et c'est sans parler du tout dernier plan du film...
L'autre problème c'est que le film manque totalement de demi-mesure. On voit des apparitions avant même que le protagoniste ne les voie : lors de la scène (assez réussie par ailleurs) où Kipps entend des voix dans la brume, les plans du môme en train de se noyer étaient complètement inutiles et superflus. Ce n'est qu'un exemple, mais tout le film est comme ça : on te balance des gros trucs qui font bien peur à la tronche (avec les effets sonores qui vont avec), mais sans aucune finesse. Un truc saute au visage de Kipps (et du spectateur) toutes les 3 minutes, et même si ça fait parfois un peu sursauter, ça finit surtout par taper sur le système.
Au lieu de proposer une histoire de fond, un vrai conte terrifiant comme on en a déjà vu plein au cinéma et en littérature, le film se contente de tout miser sur sa forme. Même si celle-ci est plutôt réussie, ce n'est pas suffisant. Dommage.