La Danse rouge
6.8
La Danse rouge

Film de Raoul Walsh (1928)

J'avoue, j'avoue, j'ai raté les cinq premières minutes, j'ai perdu l'habitude de ce bon Brion, je n'ai plus la TV depuis tellement longtemps...

Du coup, je débarque en pleine pré-révolution soviétique avec Dolores del Rio qui voit son père emprisonné pour avoir voulu éduquer le peuple... S'en suit un charmant séjour à la cambrousse avec tout ce que le cinéma de la fin du muet peut avoir de plus merveilleux : travaux des champs, flagellation, mariage forcé contre un cheval, beau grand duc et pavillon de chasse, peau de bête devant l'âtre, meule de foin, agitateur ressemblant à Trotsky, charmant mélange de Tintin au pays des Soviets et de critique du tsarisme...
Moi qui aime tant les toques d'astrakan, les traîneaux qui filent sur la neige, les exécutions capitales dans le jardin des charmantes auberges, les barricades enthousiastes et le massacre du menu fretin, on peut dire que j'avais mon content.

Ce qui est chouette aussi, c'est qu'en 1928, on a le droit de baiser le premier soir, même sans être marié... de toutes façons, ils vont tous les deux se marier le lendemain, alors... bon, d'accord, pas ensemble, mais quand même... et puis il fait si froid, il pleut, faut bien se sécher, se réchauffer, la vodka brûle si gentiment les gosiers tristes et Charles Farrell est si beau en jeune slave amoureux...

De l'autre côté : le géant des steppes, « ours rieur et empoté, amateur de vodka et de jolies donzelles », comme le dit l'intertitre... Il est touchant aussi le bougre, qui va se raser pour la noce chez le barbier, en profite pour arracher deux dents au passage, vole un saucisson et des bouteilles, sans oublier le cheval du contrat, puis bois tellement qu'il en oublie la noce...

Walsh a l'air de bien s'amuser tout de même, il n'oublie pourtant jamais le principal, un rythme de dingue, des cadrages parfaits, une photographie en béton, et on se laisse emporter de la meilleure grâce du monde dans une histoire cousue de russes blancs, affrontant le rouge au front, là où la baïonnette est sans bavures.

Au milieu de tout cela, on m'assassine d'un seul coup de feu, je tressaute bien dix secondes mais tout de même c'est un scandale... moi je voulais mon cyanure, les autres coups de feu pour mon réveil, les coups qui pleuvent, la rivière gelée, et la force de me débattre encore avant la noyade... Tout fout le camp...
Torpenn

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