Bien que partagé et assez perplexe au bout des 2h10 que nous offre "La danza de la realidad", j'ai malgré tout été plutôt séduit par cette rêverie autobiographique.
La première partie du film est plutôt éblouissante: esthétiquement très étonnante, elle offre quelques scènes hallucinantes et toute une panoplie de personnages bizarroïdes. Déjà, la démarche de Jodorowsky nous transporte: il s'amuse à imaginer sa mère en cantatrice à la poitrine généreuse, fait de son petit village une boîte magique aux habitants étranges. Jodorowsky établit toujours un lien émouvant entre l'Alejandro qu'il est et cet enfant qui grandit dans un climat assez difficile à supporter (il se représente à l'écran, un peu comme un ange-gardien de l'Alejandro qu'il fut), comme s'il essayait (il y parvient, d'ailleurs) de faire le point sur cette enfance, sur la réalité, sur SA réalité, ce rêve/cauchemar éveillé. Ainsi, ces scènes curieuses se suivent et surprennent, elle ssont tantôt magnifiques, choquantes, loufoques.
Mais alors, quand il commence à imaginer cette quête, ce parcours du combattant aberrant qu'entreprend son père pour renverser le terrible dictateur Ibanez, "Jodo" finit par se perdre un peu. La magie n'opère plus vraiment, l'ennui est à deux doigts de venir gâcher un début de film assez brillant. Le personnage du père finit presque par devenir un peu ridicule tandis qu'il devient une sorte de mélange entre le Christ et Robinson dans son parcours initiatique où il finit par trouver la foi, athée qu'il était... Mais ce qui émeut, finalement, c'est que Jodorowsky fait de son père un homme au grand coeur qui finit par mettre de côté virilité et patriotisme pour adresser à sa famille la tendresse qu'il n'a jamais su donner. Cette image du père est-elle idéalisée ? Sûrement. C'est là que Jodorowsky nous touche: tout n'était pas rose, mais il admire profondément ses parents.
Et puis, malgré cette deuxième partie un peu décevante, Jodo nous livre un final particulièrement réussi, où il clôt tendrement cette quête de soi, nous livrant au final un parcours autobiographique original et très personnel à travers lequel nous pénétrons dans l'imagination débordante et poétique de cet enfant rêveur.