Il aura fallu attendre une trentaine d'années depuis son premier film Le Faucon Maltais pour voir John Huston aborder la thématique de la boxe, thème qui lui est assez cher alors qu'il a été boxeur amateur dans sa jeunesse dans les années 1920.


Ici, il nous emmène dans les rues sordides de Stockton pour y suivre le destin d'un ancien espoir de la boxe devenu alcoolique mais qui va tenter de remonter sur le ring. John Huston dépeint un milieu qu'il affectionne, celui de la boxe, des bars et du désespoir, il nous immerge avec force et intensité dans la vie de ce loser qui va tout tenter, au fur et à mesure de ses combats et rencontres, pour reprendre espoir et accéder à une vie meilleure et de gagnant.


Le futur metteur en scène du Piège pousse ici assez loin dans le réalisme, puisant dans ses souvenirs personnels et proposant une véritable authenticité, participant pleinement à la force émotionnelle qui se dégage du récit. Fat City voit aussi le cinéaste sublimer une écriture de qualité, tant dans les personnages que les dialogues, et abordant avec immense brio et justesse le désespoir, l'alcool, la vie sur et en dehors du ring, notamment la capacité à se prendre des uppercuts en pleine poire, ou encore les aléas et le quotidien d'une vie triste et sordide.


L'ambiance est souvent déprimante mais toujours forte émotionnellement, notamment grâce aux portraits humains proposés par John Huston, ce dernier montrant une vraie aisance derrière la caméra, notamment pour capter l'essence même des enjeux et personnages. Il mène avec brio son récit, gère parfaitement le rythme et les protagonistes tandis qu'il dirige admirablement ses comédiens, qu'ils soient professionnels ou non, et laisse planer un certain parfum mélancolique sur une oeuvre définitivement remarquable et d'une infinie tristesse.


En mettant en scène Fat City, John Huston revient sur une partie de sa vie et jeunesse, proposant une oeuvre d'une grande tristesse et désespoir et abordant comme personne la vie et ses aléas, notamment dans les pires moments, et ce avec une réelle et puissante charge émotionnelle.

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le 5 janv. 2018

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