Dans une petite ville de la Nouvelle-Angleterre, le maire sortant se prépare à une cinquième réélection. Mais celle-ci ne serait-elle pas celle de trop ?


Dès la parution du roman, sorti deux ans plus tôt, John Ford s'est battu pour faire ce film, et avoir Spencer Tracy au casting, ce dernier retrouvant le réalisateur vingt-huit ans après Up the river.
Et il a eu raison, car Tracy y est formidable, un modèle de maire idéaliste, parfois roublard, mais toujours juste dans ses convictions, proche du peuple, et au fond son conservatisme va agacer ses détracteurs et certains de son propre clan.
On voit bien la préparation de l'élection, avec un candidat qui est clairement montré comme un pion inexpérimenté, qui est manipulé par plus puissant que lui, avec une scène éloquente où, interviewé à la télévision, il arrive à peine à parler, terrassé par le trac. Quant à Spencer Tracy, c'est la force tranquille, d'un calme olympien, qui traine parfois un boulet en la personne de son fils, qui vit clairement à ses crochets, mais ne s'en laisse pas démordre par ses conseillers. Il a d'ailleurs une relation assez touchante avec son neveu, un journaliste sportif issu de l'autre camp, et qui le considérerait comme son véritable fils.


John Ford considérait La dernière fanfare comme un film de chambre ; ça n'est pas péjoratif, mais pour expliquer qu'il y a plus souvent de scènes en intérieurs, en studio, que des extérieurs. Ces dernières sont davantage présentes pour montrer les hourras de la foule, avec la présence d'un seul travelling, qui est magnifique, mais que je ne peux pas raconter car il dévoile une part de l'intrigue, où pour paraphraser, un homme remonte le courant.
Il n'est pas interdit d'y voir en ce maire vieillissant un idéal pour Ford, un homme bon et généreux, qui se soucie de tous, au mépris de sa propre santé, un héros à l'américaine, pourrait-on dire.


Peu cité quand on parle de John Ford, La dernière fanfare mérite pourtant bien des éloges et notre attention, car malgré qu'il date de 1958, il reste toujours autant actuel sur les coulisses de la politique, même à l'échelle d'une petite ville, et réalisé de haute volée.

Boubakar
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le 20 nov. 2020

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