Parti de campagne
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A l'évidence, John Ford se reconnaît parfaitement à travers le personnage de Frank Skeffington (interprété par un Spencer Tracy magistral). Alors que le réalisateur sent bien que le nouvel Hollywood émerge et que l'essentiel de son œuvre est déjà derrière lui, le maire de Boston brigue un ultime mandat et s'engage dans une nouvelle campagne électorale dont il avoue ne pas maîtriser l'ensemble des usages modernes.
Dans cette description clinique de la vie démocratique américaine, John Ford fait un choix très clair : mieux vaut un roublard cynique qu'un idiot médiatique.
Cette opposition assez caricaturale entre le maire catholique d'origine irlandaise et un jeune homme de paille protestant sans carrure et incapable de défendre d'autres intérêts que ceux de sa bourgeoisie locale a valu des critiques en manichéisme à l'encontre du film. Une telle appréciation revient pourtant à fermer les yeux sur les nombreux défauts de Frank Skeffington, incapable d'élever correctement son fils au comportement oisif et ultra individualiste, n'hésitant pas à pratiquer le chantage afin d'arriver à ses fins et s'accrochant au pouvoir avant tout pour assouvir sa soif d'activité davantage que pour réellement servir ses citoyens. L'inactivité liée à la perte de son mandat entraînera d'ailleurs sa mort rapide.
Le film n'est d'ailleurs pas purement descriptif mais comporte également une dimension politique. John Ford, lui-même fils d'immigré catholique irlandais, n'a en effet de cesse de dénoncer l'entre-soi défendu par la bourgeoise protestante.
La dernière partie de ce drame politique, débutant au moment du dépouillement du scrutin et se finissant dans la maison du maire déchu nous permet d'apercevoir l'ensemble du génie de John Ford. La tension du vote est parfaitement retranscrite via les multiples passages des coulisses du maire à la salle de décompte.
La Dernière Fanfare n'est évidemment pas exempte de tout reproche. Tout d'abord, la défaite électorale du maire sortant semble assez incompréhensible, tant l'opposant politique semble peu crédible (chaque scène où McCluskey apparaît sert uniquement à démontrer sa bêtise crasse).
Il y aurait également beaucoup à redire s'agissant de la direction d'acteurs tant certains cabotinent (Edward Brophy ou John Carradine) ou n'inspirent aucun attachement (Jeffrey Hunter, tout à fait oubliable).
Il reste qu'on ne boude pas son plaisir devant cette belle tranche de cinéma qui nous est offerte par John Ford.
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Créée
le 17 avr. 2022
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