Après avoir bossé discrètement dans le porno, Wes Craven se lance dans le ciné de genre avec son pote Sean S. Cunningham. D'abord co-producteur sur le deuxième film de Cunningham, ce dernier lui rend la pareille. Nous sommes en 1971. S'inspirant de La Source d'Ingmar Bergman, le réalisateur américain, alors âgé de 32 ans, écrit et réalise pour moins de 100,000 dollars son tout premier long-métrage, un rape and revenge violent, dérangeant, qui sera pendant longtemps censuré et interdit dans de nombreux pays.
Tantôt filmé de manière presque documentaire tantôt ponctué de séquences pour le moins cocasses, La Dernière maison sur la gauche reste une œuvre viscérale, inédite dans le cinéma d'exploitation américain, quelques années avant le Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper. Cette histoire de deux amies violées, humiliées et massacrées par des dégénérés en cavale fait encore aujourd'hui froid dans le dos, Craven filmant toute cette horreur avec une facilité déconcertante, les scènes les plus choc étant clairement proposées de manière décomplexée.
On pourra reprocher des ruptures de ton malvenues, surtout à cause des deux shérifs recherchant notre quatuor, et une musique inadéquate (peut-être rajoutée après coup pour atténuer le ton glauque du film) mais l'atmosphère crue, presque surréaliste du long-métrage, terrasse le spectateur, notamment lors d'un final sanglant aussi bourrin qu'inattendu. Au final, La Dernière maison sur la gauche reste une œuvre cinglante, imparfaite mais incroyablement couillue, surtout pour un premier effort. Et si des rides apparentes restent visibles, elles s'allient à un profond respect, indubitablement.