Voir un western débarquer à notre époque est quelque chose de précieux pour les amateurs du genre tellement ça se fait rare pour l'instant. Mais voir un western réalisé par une femme a de quoi surprendre tant le genre n'attire pas vraiment la gente féminine. Toujours est-il que Kelly Reichardt explose quelque peu les codes du genre, notamment dans la mise en scène pour offrir un western épuré.
La plus grande surprise provient certainement du format du film. Je ne suis pas un aficionados en ce qui concerne tout cela, mais on a droit à une image carrée, collant généralement au plus près des personnages. Exit les grands plans d'ensemble coutumiers du genre qui nous montrent un incroyable paysage. Attention, il y en a, mais ils se font plus rares que de coutume. Cette manière de filmer à de quoi déconcerter un public coutumier du genre. Ca a au moins le mérite de dépoussiérer un peu le genre.
Cette façon déconcertante de filmer n'est pas inutile à l'histoire. Le premier quart d'heure du film est quasiment exclusivement silencieux. Les visages ne sont jamais montrés et on suit cette caravane avec les personnages de dos. Le seul mot que l'on voit est un "Perdu" gravé sur un tronc d'arbre. En réalité, le spectateur fait carrément partie du voyage, perdu lui aussi avec les membres de cette caravane, qui vont petit à petit dévoiler leurs visages.
Le film est épuré d'énormément de paroles. Petit à petit, les personnages perdent pied et la rencontre avec l'Indien va les chambouler. Faut-il écouter leur guide qui les a perdu en voulant prendre un raccourci ou alors croire cet Indien, ennemi viscéral de l'époque du colon, pour s'en sortir? Telle est la question et la seconde moitié du film va se jouer là-dessus. Là aussi, très peu de dialogues. Les Américains et l'Indien parlent un langage différent et ils ne se comprennent de toute façon jamais. La fin est très énigmatique et déboussole également le spectateur. Le film est une réelle tranche de vie de ce que les colons traversent pour s'installer toujours plus à l'Ouest. L'oeuvre prend également le point de vue des femmes, mais si ce sont les hommes qui prennent les décisions. Là aussi, une façon d'aborder le western très différente de coutume.
Deux problèmes me viennent à l'esprit. Le premier, c'est que comme il ne se passe absolument rien, il faut que l'oeuvre ne manque pas de rythme. Alors, ce côté répétitif de voir la caravane avancer dans cette espèce de désert à le don d'ennuyer. Ensuite, je n'ai pas trouver Michelle Williams ou Paul Dano extraordinaires dans ce film. Des acteurs corrects, mais sans plus.
La dernière piste est toutefois à voir parce que le western est un genre rare à l'heure actuelle au cinéma et qu'il bouleverse un peu les codes de ce qui se faisait à la grande époque.