Célébré à son époque ni plus ni moins comme le "meilleur premier film depuis Citizen Kane", cette "Dernière Séance" au titre mélancolique est en fait un film moins doux qu'amer sur la vacuité, voire l'horreur de la vie. Dans une petite ville du Texas balayée par des vents glaciaux, deux générations trompent l'ennui et la médiocrité dans l'alcool et le sexe : tous ces petits jeux n'aboutissent qu'à une suite de désillusions cruelles, auxquelles ni l'amitié ni l'amour ne résistent finalement. Bogdanovitch filme ce lent naufrage dans un beau Noir et Blanc contrasté, mais avec une distance salutaire qui évite tous les clichés de la "psychologie" menaçant son scénario un peu bavard. Mais si cette "Dernière Séance" finit par émouvoir le spectateur jusqu'aux larmes, c'est par la grâce de l'ensemble de son casting, impeccable de retenue et justesse. [Critique écrite en 2006]