Simon n’est pas un enfant comme les autres. À huit ans, orphelin et rêvant de trouver une famille prête à l’accueillir, Simon cache un incroyable secret : il a un pouvoir. Celui de prendre l’apparence de chaque personne qu’il a touchée. Quand il rencontre la famille de Thomas et sa sœur Madeleine, ce pouvoir va se révéler tout autant pratique que préjudiciable. Léo Karmann et sa scénariste Sabrina B. Karine ont mis de plus de huit ans à concrétiser leur projet de long métrage autour du destin extraordinaire de Simon. Sans cesse refusé par les sociétés de financement et de production parce qu’il n’entrait pas dans les bonnes cases (une comédie mainstream ou du social déprimant) d’un cinéma français toujours aussi frileux, le film a finalement pu voir le jour grâce à une bonne étoile et beaucoup (beaucoup) de persévérance.


On sent d’ailleurs une volonté constante à se surpasser, une envie de réaliser un film qui ne chamboulera assurément pas le panthéon du septième art, mais témoigne d’un amour du travail bien fait. Certes, la musique d’Erwann Chandon est peut-être un peu trop envahissante, et la vision d’une Bretagne idyllique, tel le Paris d’Amélie Poulain, fait pas mal "dépliant touristique", et le scénario sacrifie sans vergogne les personnages secondaires qui peinent à exister (les parents en particulier), mais on se retrouve bien malgré soi totalement embarqué dans cette belle histoire d’identité, d’amour et de mystification.


En trois temps séparés par deux ellipses temporelles (l’une de plusieurs années, l’autre de quelques mois), le film préfère jouer la carte du drame intimiste (celui d’un garçon qui voudrait être, qui ne sait plus qui il est puis qui ne peut pas être celui qu’il est) que celle du fantastique que permettait le pouvoir de Simon, même si la dernière partie dans l’hôpital profitera à merveille de ce registre-là. Cette thématique du moi, parasité par un "double" qui s’imposera par la force tragique des choses (prendre littéralement la place du mort), sera accompagnée en milieu de parcours par le récit d’une imposture amoureuse qui offrira au film une nouvelle amorce scénaristique, en plus d’une touchante conclusion : aimer l’autre à travers lui.


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mymp
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le 19 août 2020

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