Comme beaucoup de monde, j'ai été frappé par L'homme qui voulait savoir, où Bernard-Pierre Donnadieu était terrifiant, en en faisant pourtant le moins possible. Voyant ce succès critique, 20th century Fox décide de produire un remake, avec à nouveau George Sluizer derrière la caméra.
Au fond, l'histoire reste identique ; un homme qui ne se fait pas à la disparition soudaine de son amie trois plus tôt, qui va remuer ciel et terre pour la retrouver, jusqu'à ce que le ravisseur le contacte...
Mais ce qui est intéressant, c'est dans le traitement effectué à la sauce Hollywood où Jeff Bridges, jouant ce fameux ravisseur se demandant ce que ça fait d'être un méchant, effectue une composition bien moins effrayante que celle effectuée par Donnadieu, ne serait-ce que dans son apparence négligée, cheveux longs dégueulasses, diction déformée. On voit tout de suite que ce type n'est pas net, et que ses motivations sont trop vite explicitées. Ce qui est un peu le souci de ce remake, qui atténue fortement la part de mystère, y compris jusqu'à la fin, qui est cette fois l'opposée du film belge.
D'ailleurs, j'ai appris que cette dernière partie a été filmée après le tournage, donc dans le dos du réalisateur, qui aura cherché en vain à retirer son nom au générique.
C'est plutôt dommage parce que les autres acteurs, Kiefer Sutherland, Nancy Travis et la courte apparition de Sandra Bullock, sont plutôt de qualité, mais on sent que la substance, la noirceur du film original a été très fortement atténuée. Par contre, le seul élément réussi dans cette version est la musique de Jerry Goldsmith, mais c'est typiquement le film inutile par excellence, comme pour court-circuiter L'homme qui voulait savoir, qui lui est bien supérieur.