Considéré comme la chant du cygne du mouvement calligraphique, le film a déjà un pied dans le néoréalisme par sa description précise des taches quotidiennes auxquelles s'épuise l'héroïne dans la maison sinistre de son mari, perdue dans un village de montagne - le bois pour la cheminée, la vaisselle, le chien à nourrir, les salades négociées chez l'épicier, les marmites du repas. Le film oppose deux forces obstinées : celle d'un veuf éploré, figé dans son chagrin (et qui se remarie par défaut), celle d'une jeune épouse folle amoureuse et prête à toutes les humiliations pour rester auprès de celui qu'elle aime. Le mélodrame vire au rapport SM, on n'est parfois pas loin du BONA de Brocka sur un thème similaire, ou de certains Ripstein. Amadeo Nazzari (parfait sosie d'Errol Flynn) et Marina Berti (dont le personnage a quelque chose d'Adèle H) se tirent haut la main de ce face à face magnifié par l'élégance de la mise en scène. On regrettera une fin abrupte (et peu crédible) mais le climat tendu, neigeux, romanesque, reste longtemps en tête.

LunaParke
7
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le 11 oct. 2023

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