À première vue le film est moins délirant que "La Couronne de fer", précédente réalisation de Blasetti : réutilisation de ses décors & costumes, décors exclusivement studio (pas l'once d'une lumière naturelle) annonçant les reconstitutions grisouilles des "dramatique télé", conventions littéraires hésitant entre un vague réalisme théâtral et l'archétype assumé jusqu'à l'ironie (le roman initial a d'ailleurs donné lieu à un opéra). Blasetti et son sens inné de l'espace s'y retrouvent à l'étroit. Malgré tout, le récit organise une suite de joutes tranchantes entre des personnages aux affects déchaînés - dans une scène ahurissante, Valentina Cortese viole quasiment Nazarri entravé. Dans le genre carton-pâte médiéval on est heureusement plus proche de "Volpone" (haine à tous les étages subsumée en pure jouissance) que des fades "Visiteurs du soir". Le personnage féminin censé être central disparaît quasiment pour laisser place à un duel sans merci entre le Beau fort et le Laid faible, mais le film nous place étrangement du côté de ce dernier (étrange en plein fascisme) dont on suit la vengeance avec une certaine délectation. Au point que le sous-texte homosexuel finit par devenir évident, les humiliations auxquelles se livrent les deux ennemis ne reposant que sur une mutuelle fascination. La réalité donnera pour vainqueur le "méchant fort" Amedeo Nazarri qui fera une grande carrière (La Femme de la montagne, Les Nuits de Cabiria et plein de Matarazzo) alors que le "gentil faible" Osvaldo Valenti finira fusillé par la résistance italienne en avril 1945.