Le moins que l'on puisse dire, c'est que Denys de la Patellière ne nous montre guère à quel point l'aventure de Marco Polo fut fabuleuse...Périlleuse peut-être, mais pas davantage. Le film ne relate uniquement que le long voyage entrepris par Marco Polo, mandaté par le pape, vers la Chine de l'empereur Mongol. Il devra déjouer maintes embûches provoquées par de fielleux arabes ou de belliqueux guerriers mongols.
La beauté des décors et panoramas traversés donne une image flatteuse au film. En vérité, il est sur bien des points proche de la nullité. D'abord, la mise en scène est inexistante. Le récit n'est qu'une rudimentaire agglomération de divers périls ou étapes qui jalonnent le chemin de Polo, épisodes indépendants les uns des autres, sans unité, dont la transition est assurée paresseusement par les commentaires off de Michel Bouquet. Une forme de narration facile et carrément l'aveu d'impuissance d'un metteur en scène sans imagination Ces scènes où, invariablement, Marco Polo est capturé par des ennemis, sont sans intérêt car on n'y trouve que des lieux communs, les stéréotypes d'un orientalisme péniblement superficiel qui ne dit rien de l'Asie.
Et puis il y a le falot Horst Buchholz, (qui prend la place d'Alain Delon, consécutivement aux problèmes de la production, ce qui pourrait avoir compliqué, reconnaissons-le, la tâche de Denys de la Patellière), composant un héros si pauvre qu'il en est insignifiant. Marco Polo n'est ici qu'un séducteur et jeune homme impétueux dont les amours et la bravoure confinent au grotesque. C'est un personnage stupide et incohérent (soudain il lui prend d'exprimer une pensée, d'ailleurs complètement creuse), à des années-lumière de ce que doit être un jeune homme découvrant l'Orient.